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02 septembre 2025

Zèbres & Cie, le premier magazine dédié à la neurodiversité

Troubles « dys », déficit de l’attention (TDAH), troubles du spectre autistique (TSA), 15 % de la population française est neuro-atypique et constitue le « continent invisible » de la diversité. Le système scolaire, les structures sociales, conçus et adaptés au plus grand nombre, isolent souvent et parfois découragent ces personnes aux singularités cognitives, qui doivent aussi faire face à de nombreux préjugés.

Le trimestriel Zèbres & Cie, créé par la journaliste Céline Lis-Raoux, mère d'enfants neuro-atypiques, a pour ambition de mettre en lumière les richesses et les atouts de ces individus Et en interrogeant la norme : et si c’était notre vision de la normalité qui était étriquée ? Peut-on encore parler de « troubles » lorsqu’ils concernent une personne sur six ?

Ainsi le magazine propose des reportages, des enquêtes et des portraits de personnalités inspirantes qui ont trouvé leur voie avec leur neuro-atypie.

01 septembre 2025

Les politiques de santé mentale doivent aller au-delà de l’offre de soins

Tribune

Le plan psychiatrie et santé mentale annoncé le 11 juin par le gouvernement manque d’une approche globale, estime, dans une tribune au « Monde », un collectif de professionnels de santé et de personnes concernées par un trouble psychique, qui plaide pour une stratégie interministérielle dotée de moyens pérennes.

Notre collectif Santé mentale grande cause nationale représente plus de 3 400 organisations mobilisées de longue date pour faire de la santé mentale une priorité politique. Face à l’urgence, nous prenons acte des récentes annonces du gouvernement, mais appelons à aller plus loin pour porter une vision ambitieuse, pluriannuelle et transversale.

Le plan santé mentale et psychiatrie, annoncé le 11 juin par le ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins, Yannick Neuder, constitue un signal fort : repérage et intervention précoces, dès l’école ; investissements dans les centres médico-psychologiques ; soutien aux équipes mobiles ; ou encore suivi post-crise. Ce sont des réponses concrètes qui redonnent du souffle à une psychiatrie publique en grande tension.

Lire la suite sur le site du Monde (réservé aux abonnés).


Liste des premiers signataires : Sandrine Broutin, directrice générale de la Fondation Falret ; Aude Caria, directrice de l’organisme public Psycom ; Dominique Guillot, président de l’association Argos 2001 ; Marie-Odile Krebs, présidente du réseau Transition ; Pierrick Le Loeuff, délégué général du Collectif national des groupes d’entraide mutuelle (Cnigem) ; Denis Leguay, président de Santé mentale France ; Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale d’Alliance pour la santé mentale ; Clémence Monvoisin, présidente de l’Innovation citoyenne en santé mentale (ICSM) et du festival Facette ; Maéva Musso, présidente de l’Association des jeunes psychiatres et des jeunes addictologues (AJPJA) ; Déborah Sebbane, directrice du Centre collaborateur OMS pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS). Liste complète à retrouver sur ce site.

29 août 2025

DÉPRESSION : Existe-t-il des marqueurs génétiques du risque et de la réponse au traitement ?

Des marqueurs génétiques de la dépression constituent de bons indicateurs des tendances au moins des réponses aux traitements psychiatriques, confirme cette revue exhaustive des données de dizaines d'études sur les scores polygéniques et leurs implications cliniques pour les principaux troubles mentaux. Des conclusions présentées dans la revue Genomic Psychiatry*, qui devraient permettre à terme, avec la contribution de l'apprentissage automatique, une prise en charge psychiatrique mieux personnalisée.

Car si ces marqueurs génétiques ou scores polygéniques des résultats des traitements des principaux troubles psychiatriques présentent un potentiel prédictif modeste, ils reflètent bien des tendances thérapeutiques cohérentes, souligne l’un des auteurs principaux, le professeur Alessandro Serretti, de l'Université Kore d'Enna (Italie).

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28 août 2025

Quid de la prise charge des patients « psy » aux urgences ?

Aux urgences, les patients avec des antécédents psychiatriques sont stigmatisés, connaissent des délais de prise en charge qui ne cessent de s’allonger, conduisant à un nombre certain d’évènement indésirables, parfois graves. Des sociétés savantes préparent un guide et des recommandations pour garantir un accueil standardisé et de qualité.

Écho de congrès – Le contexte actuel de crise sans précédent de la psychiatrie impacte fortement les structures d’urgence. Au Congrès Urgences, qui s’est tenu du 4 au 6 juin à Paris, le Pr Anthony Chauvin (Hôpital de Lariboisière, APHP), lors d’une session dédiée à la discipline, rappelle l’importance de ne pas catégoriser trop rapidement les patients à présentation psychiatrique. Ces patients stigmatisés, connaissent en effet des délais de prise en charge qui ne cessent de s’allonger, conduisant à un nombre certain d’évènement indésirables, parfois graves. « Ce sont des patients fragiles, pour lesquels la mortalité est multipliée par deux, voire par quatre par rapport à quelqu’un qui n’a pas d’antécédent ».

La première complication survient lors du tri et de l’orientation. Le patient étiqueté « bizarre », « psy », sera orienté en premier lieu vers le psychiatre, avant examen ou bilan. Or ces profils sont très « piégeux », souligne le Pr Anthony Chauvin, car certains syndromes psychiatriques ont une origine organique, toxicologique ou iatrogénique. Des pathologies somatiques engendrent aussi des tableaux d’allure psychiatrique : troubles de la perception, hallucinations, états délirants, troubles anxieux ou encore du comportement. « Afin d’éviter la perte de chance, tout patient avec des antécédents psychiatriques qui se présente aux Urgences doit être considéré comme “somatique ”, jusqu’à preuve du contraire », rappelle-t-il. Les premières minutes sont primordiales.

Dès lors, les services d’urgence doivent s’organiser pour offrir un accueil standardisé et de qualité à ces patients, pointe l’urgentiste. La Société française de médecine d’urgence (SFMU) et le Samu Urgences de France (SUDF) travaillent conjointement en ce sens.
– Tout d’abord, la SFMU, via sa commission « Risque incident sécurité sûreté qualité » (RI2SQ) travaille à l’élaboration d’un guide pratique sur le parcours de soins de ces personnes. L’objectif est de fournir à chaque SU un cadre architectural d’organisation de la filière, avec des blocs dédiés aux patients à présentation psychiatrique au sein même de la structure.
– De plus, un partenariat entre la SFMU et l’Association francophone pour l’étude et la recherche sur les urgences psychiatriques (Aferup) vise à produire des recommandations formalisées d’experts (RFE) pour ces accueils. Les premiers points abordés seront la prise en charge thérapeutique de l’agitation, des tentatives de suicide médicamenteuses et les modalités du bilan paraclinique avant évaluation psychiatrique. Ce travail pluridisciplinaire constituera une avancée réelle pour garantir la qualité des soins à cette population.
Ces deux documents sont attendus pour juin 2026.

Quid de la prise charge des patients « psy » aux urgences - Rencontres Soignantes en Psychiatrie

27 août 2025

[Podcast] : Peut-on se passer de la contention psychiatrique?

La méthode, utilisée en psychiatrie pour immobiliser un patient sans son consentement, suscite de plus en plus d’oppositions. Comment soigner sans entrave à la liberté individuelle ? Les professionnels peuvent-ils abandonner l'usage de la contention ?

Avec :

Maeva Musso, psychiatre et pédopsychiatre, rattachée aux hôpitaux de Paris Est Val-de-Marne, présidente de l’Association des jeunes psychiatres et des jeunes addictologues

Hana Lévy-Soussan, psychologue clinicienne et enseignante à l’université Paris 8

Michael Sikorav, psychiatre

Delphine Moreau, sociologue et enseignante à l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP)

Elle est légale, mais elle fait polémique. Dans de nombreux hôpitaux psychiatriques, la contention continue d'être pratiquée sur des patients. En 2022, 8 000 patients ont subi une mesure de contention mécanique, soit 11 % des hospitalisations sous contrainte, selon l'Irdes. Une contrainte qui n’est pas sans risque. D’après l’ANSM, entre 2011 et 2019, 42 malades sont décédés des suites de la contention. Majoritairement en hôpital psychiatrique, mais aussi en Ehpad.

La contention, solution de dernier recours ?

La pratique est loin d’être nouvelle. Dès l’Antiquité, des écrits attestent de l’utilisation de mesures physiques destinées aux "maniaques agités". Au Moyen-Âge, elle était utilisée indifféremment sur les mendiants, les enfants abandonnés ou encore sur les prostituées.

En 2016, la loi de modernisation de notre système de santé a fait de la contention une "mesure d'exception". Un encadrement juridique jugé insuffisant, qui a mené le législateur à intervenir à nouveau. Six ans plus ans plus tard, un contrôle minimal de la pratique par un juge était instauré par les parlementaires. Objectif : lutter contre les procédures abusives. Pourtant, les voix continuent de s'élever contre certains recours à la contention jugés abusifs, notamment à l'encontre de mineurs.

Le contexte politique va-t-il permettre un changement radical ? La santé mentale a été érigée en grande cause nationale 2025, et un “plan psychiatrie” a été présenté en juin par François Bayrou. Il prévoit notamment de former aux alternatives à la contention et de renforcer les équipes. Reste à savoir si les moyens suivront.

Alors peut-on protéger sans attacher ? Est-il possible de soigner sans contraindre ?

Peut-on se passer de la contention psychiatrique ? | France Inter (42mn)

26 août 2025

Clozapine : L’agence européenne révise les directives du comptage sanguin

La surveillance du sang de routine pour les patients prenant la clozapine, un antipsychotique, peut être considérablement réduite à la suite de nouvelles recommandations du comité d’évaluation des risques de pharmacovigilance de l’Agence européenne (EMA).

Fréquences de surveillance réduites

De nouvelles données indiquent une baisse substantielle du risque de neutropénie sévère et d’agranulocytose après la première année de traitement. Les patients sans antécédents de neutropénie peuvent désormais avoir leur fréquence de surveillance abaissée à toutes les 12 semaines après la première année, et annuellement après deux ans. L’agence s’appuiera désormais uniquement sur le nombre absolu de neutrophiles (ANC) pour les contrôles hématologiques, ce qui a cessé les exigences précédentes pour le nombre de globules blancs.

Les preuves soutiennent les modifications des lignes directrices

Ces directives mises à jour sont soutenues par une déclaration d’experts conjointe du groupe de travail européen sur la clozapine, publié cette année. La déclaration a souligné la très faible occurrence de l’agranulocytose tardive, ce qui a provoqué des appels à des révisions de protocole. D’autres preuves découlent d’une étude à grande échelle impliquant plus de 26 000 personnes. Cette recherche a révélé que la neutropénie sévère induite par la clozapine a culminé vers la neuvième semaine, les taux d’incidence étant négligeables après deux ans d’utilisation continue.

Comprendre le profil de risque de la clozapine

La clozapine est un antipsychotique atypique vital utilisé pour la schizophrénie résistante au traitement et pour les individus incapables de tolérer d’autres antipsychotiques en raison d’effets secondaires neurologiques. Il sert également de traitement à la psychose liée à la maladie de Parkinson lorsque les thérapies standard échouent. Le médicament fonctionne en antagonisant les récepteurs de la dopamine D2 et de la sérotonine 5-HT2A, contribuant à son efficacité dans les cas de schizophrénie réfractaire.

Mécanisme de neutropénie

Cependant, la clozapine est associée à un risque connu de neutropénie induite par le médicament et à sa manifestation sévère, l’agranulocytose. La recherche suggère qu’un métabolite de clozapine, l’ion nitrénium, pourrait se lier aux protéines des neutrophiles. Cette interaction peut déclencher une réponse immunitaire, conduisant à la destruction des neutrophiles, un processus potentiellement influencé par la prédisposition génétique d’un individu.

Impact mondial et surveillance future

Dans toute l’Union européenne, tous les produits contenant de la clozapine seront mis à jour pour refléter le nouveau calendrier de surveillance et les seuils de surveillance basés sur l’ANC. Il est conseillé aux professionnels de la santé d’examiner et d’adapter leurs protocoles de suivi en conséquence. Il est également encouragé à continuer de signaler des événements indésirables suspects par le biais de canaux de pharmacovigilance établis.

UE pour faciliter la fréquence de surveillance de la clozapine après la première année - Le derniere heure

25 août 2025

Schizophrénie et inflammation cérébrale : spectatrice ou actrice clé ?

La schizophrénie est un trouble psychiatrique chronique et invalidant, touchant environ 1 % de la population mondiale. Elle se manifeste par une désorganisation de la pensée, une atteinte du fonctionnement social et professionnel, et une diminution marquée de la qualité de vie. Sur le plan biologique, la schizophrénie est considérée comme une maladie multifactorielle, résultant d’interactions complexes entre facteurs génétiques, neurodéveloppementaux, environnementaux et immunologiques. De plus en plus de données suggèrent que la neuroinflammation pourrait jouer un rôle central dans cette physiopathologie.

Des travaux mettent en effet en évidence une activation excessive de la microglie, une élévation de cytokines pro-inflammatoires et des altérations de la barrière hémato-encéphalique, contribuant potentiellement à la perturbation des réseaux neuronaux et à l’aggravation des symptômes. Le challenge majeur reste de déterminer si cette inflammation constitue un mécanisme causal, un facteur aggravant ou une conséquence secondaire de la maladie et de ses traitements. Dans ce contexte, cette étude a été initiée afin d’explorer le rôle de la neuroinflammation dans la schizophrénie et d’évaluer ses implications diagnostiques et thérapeutiques.

Inflammation : simple reflet ou véritable moteur ?

Cette étude combine diverses approches cliniques, biologiques et d’imagerie afin de mieux comprendre le rôle potentiel de la neuroinflammation dans la schizophrénie. Les études post-mortem permettent une analyse des tissus cérébraux. Les techniques d’imagerie cérébrale ont permis d’évaluer in vivo l’activité inflammatoire et son lien avec la sévérité des symptômes. L’étude de biomarqueurs périphériques tels que les cytokines et protéines de phase aiguë dans le sang ou le liquide céphalorachidien a fourni des mesures indirectes. Enfin, des données génétiques et transcriptomiques ont été analysées pour identifier des variations associées aux voies immuno-inflammatoires.
Les travaux montrent une activation microgliale accrue dans plusieurs régions cérébrales des patients schizophrènes. Les analyses biologiques révèlent une élévation persistante de cytokines pro-inflammatoires (IL-6, TNF-α, IL-1β) corrélée à la sévérité des symptômes. Des études génétiques identifient des polymorphismes liés aux voies immuno-inflammatoires, suggérant une vulnérabilité héréditaire. L’intégrité de la barrière hémato-encéphalique semble compromise, favorisant une infiltration de cellules immunitaires périphériques. Sur le plan clinique, certains sous-groupes de patients présentent un phénotype inflammatoire marqué, associé à une réponse plus faible aux antipsychotiques classiques et à une évolution plus sévère. Des essais thérapeutiques pilotes avec des anti-inflammatoires (AINS, minocycline, tocilizumab) montrent des résultats mitigés mais encourageants, suggérant un potentiel intérêt clinique.

Neuroinflammation et schizophrénie : vers de nouvelles cibles ?

La schizophrénie reste une pathologie complexe et invalidante, dont l’étiologie dépasse la seule hypothèse dopaminergique. Un challenge majeur actuel réside dans l’intégration de la dimension inflammatoire dans ce modèle multifactoriel. L’objectif de cette revue était de clarifier le rôle de la neuroinflammation. Les résultats suggèrent que la neuroinflammation constitue un mécanisme contributif majeur, modulant à la fois les symptômes et la réponse thérapeutique.
Toutefois, les limites des travaux existants incluent une forte hétérogénéité méthodologique, la nature transversale de nombreuses études et l’absence de biomarqueurs standardisés pour définir un “phénotype inflammatoire” en schizophrénie. Des recherches complémentaires devront développer des biomarqueurs robustes, mener des études longitudinales, et tester à plus grande échelle les thérapies anti-inflammatoires ciblées, ouvrant la voie à une approche plus personnalisée dans la prise en charge de la schizophrénie.

Source(s) :
Ermakov, E., et al. (2025). Neuroinflammation in Schizophrenia: An Overview of Evidence and Implications for Pathophysiology. Journal of integrative neuroscience, 24(7), 27636 ;

Schizophrénie et inflammation cérébrale : spectatrice ou actrice clé ?

24 août 2025

Santé mentale : "Il ne faut pas banaliser ce qui est une maladie"

Comment mieux parler de santé mentale ? Mickaël Worms-Ehrminger, docteur en santé publique, évoque les enjeux d’une définition commune de la santé mentale, l’importance de la notion de « pathologique » et les biais de genre dans la considération et la prise en charge des troubles psychiques.

Enseignant, chercheur en sciences comportementale et santé publique, spécialiste de la psychiatrie et de la santé mentale, Mickaël Worms-Ehrminger est fondateur du podcast "Les maux bleus, dire les troubles de santé mentale" sur les troubles psychiques et auteur de "Vivre avec un trouble de santé mentale".

Les sujets traités :
- Comment parler de santé mentale ?
- En quoi cette absence de définition commune est-elle problématique ?
- Parlons-nous tous de la même chose lorsque nous disons « la dépression », « la schizophrénie »… ?
- Comment, alors, mieux parler de santé mentale ?
- Comment savoir si ce que l’on ressent est « normal » ou pathologique ?
- Est-ce utile de nommer un trouble ?
- Quels sont les facteurs qui favorisent la consultation et la prise en charge ?
- La libération de la parole sur la santé mentale peut-elle favoriser une meilleure prise en charge ?

En conclusion :
Mais la trajectoire est positive. On avance dans la recherche, on avance sur les traitements, il y a des réorganisations à l'hôpital, des nouvelles thérapies qui émergent, qui sont acceptées, des formations… il y a beaucoup d’espoir.

14 août 2025

Boris Chaumette, la science au service de la santé mentale

Entre recherche et clinique : un équilibre au service de la psychiatrie

À la fois chercheur et médecin, Boris Chaumette évolue entre le laboratoire et l’hôpital. Cette double casquette nourrit une approche bilatérale : le laboratoire apporte des réponses aux soins et les soins, de leur côté, alimentent les réflexions scientifiques. Les recherches de Boris Chaumette s’articulent autour de deux grands axes. Le premier consiste à identifier de nouveaux variants génétiques chez des patients sans diagnostic, en développant de nouvelles techniques de biologie moléculaire, afin d’augmenter le nombre de diagnostics génétiques posés. Le second vise à adapter les traitements, en tenant compte des caractéristiques biologiques propres à chaque patient diagnostiqué. L’objectif est de dépasser les catégories cliniques encore trop générales pour proposer des thérapies plus personnalisées et plus efficaces.

« L’idée, c’est d’arriver à prescrire le bon traitement pour le bon patient, à la bonne dose et au bon moment. », affirme Boris Chaumette.

C’est tout l’enjeu de la psychiatrie de précision, soutenue notamment par le PEPR PROPSY, programme de recherche doté d’un budget de 80 millions d’euros sur 7 ans, alloué dans le cadre du plan d’investissement France 2030. En lien avec l’Inserm, le CNRS et la Fondation FondaMental, Boris Chaumette y pilote le développement de la biologie moléculaire.

« L’objectif est d’essayer de trouver des catégories de patients qui sont plus homogènes sur le plan biologique pour pouvoir personnaliser les traitements et soigner de manière plus spécifique. Pour l’instant, les patients sont catégorisés selon leur maladie : autisme, dépression, trouble bipolaire ou schizophrénie. Mais c’est possible que ces recherches fassent tomber les barrières entre les catégories diagnostiques. »

L’impact de l’environnement sur la santé mentale
Les travaux de Boris Chaumette s’ouvrent également à l’épigénétique : l’étude de l’influence de l’environnement sur l’expression des gènes. En effet, si la génétique joue un rôle fondamental dans les troubles psychiatriques, avec une héritabilité estimée à 80 % pour la schizophrénie ou l’autisme, l’environnement n’est pas en reste.

« Aujourd’hui, rien qu’avec une prise de sang, nous pouvons savoir si une personne est, ou a été, exposée au tabac par exemple. Ces marques laissées sur l’ADN nous laissent penser qu’il est possible de détecter l’effet de l’environnement sur l’expression des gènes, en lien avec les pathologies psychiatriques. », explique le Dr Boris Chaumette.

Cette approche offre de nouvelles perspectives préventives pour réduire le risque d’apparition de certaines maladies psychiatriques telles que la schizophrénie.

« Une personne présentant un risque génétique accru a tout intérêt à éviter la consommation de substances psychoactives, comme le cannabis, qui est aujourd’hui reconnu comme un grand pourvoyeur de la schizophrénie. L’évitement du cannabis forme donc un levier de prévention accessible et efficace. »

La santé mentale comme enjeu politique et sociétal

Membre du programme Young Leaders du conseil franco-britannique depuis juin 2025, Boris Chaumette défend une vision transversale de la santé mentale, impliquant monde politique, scientifique et économique. Alors que la santé mentale est désignée Grande cause nationale en 2025, il appelle à une mobilisation collective et durable.

Aujourd’hui, les maladies psychiques demeurent trop souvent un sujet tabou, entouré de stigmatisation. Cela conduit de nombreuses personnes à éviter les consultations psychiatriques, alors même que la santé mentale est une composante essentielle de notre santé globale. Il existe ainsi un véritable enjeu à démystifier les maladies psychiatriques, à les expliquer et à comprendre qu’il s’agit de maladies biologiques au même titre que les autres.

Au quotidien, le neuroscientifique s’engage auprès d’associations comme Positive Minders et dans des actions de vulgarisation avec l’Institut Robert-Debré du Cerveau de l’Enfant. Il y explique ses recherches sur le neurodéveloppement et forme le grand public à la compréhension des différentes maladies psychiatriques, dans l’objectif de combattre les fausses informations et de favoriser une meilleure prise en charge.

« Les chercheuses, chercheurs et médecins ne peuvent plus être cantonnés au laboratoire ou à l’hôpital. Je m’adresse à l’ensemble de mes collègues : n’hésitez pas à prendre la parole ! La science doit éclairer les décisions publiques. », conclut Boris Chaumette.

Boris Chaumette, la science au service de la santé mentale | Université Paris Cité

13 août 2025

Avec Marion Leboyer, un nouveau regard sur les maladies mentales

Dépression, bipolarité, autisme… Non, ces maladies ne sont pas que "dans la tête" mais liées à la conjonction de facteurs génétiques, infectieux, immunologiques, environnementaux. La psychiatre Marion Leboyer s’active sans relâche à le démontrer…

S'engager à décrypter les maladies mentales dans les années 1980, c'était comme partir en 1900 à l'assaut des terres vierges américaines: un parcours semé d'embûches. À l'époque on pensait encore l'autisme lié à une mauvaise relation à la mère! Avec sa détermination de lionne, Marion Leboyer avait les atouts pour relever le défi. Biberonnée par des parents universitaires, elle grandit dans l'idée que transformer le monde passe par un esprit critique aiguisé. Pour elle, ce sera médecine option psychiatrie, "discipline qui avait et a toujours le plus besoin d'innovation", dit-elle sans sourciller. Et on devine l'ombre des patients souffrant de dépression résistante, trouble bipolaire, schizophrénie, ou autisme quand elle cite Albert Einstein: "Il est plus facile de casser un atome qu'un préjugé." En psychiatrie, on sort à peine du brouillard.