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15 novembre 2025

Psychiatrie : des médecins réclament le remboursement de certains traitements non encore autorisés

Par Le Figaro avec AFP

Les approvisionnements de médicaments à base de quétiapine, souvent prescrits pour traiter la schizophrénie et les troubles bipolaires, vont rester compliqués au moins jusqu’à la fin de l’année.

Les signataires d’une tribune soulignent que l’adoption d’une telle mesure pourrait «partiellement pallier la pénurie de psychotropes frappant le pays» depuis le début de l’année.

Un collectif de professionnels de santé appelle l'État à autoriser le remboursement de certains médicaments prescrits en psychiatrie même lorsque leur indication ne correspond pas à celle pour laquelle ils sont autorisés, dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde* daté de mercredi.

Les signataires - des psychiatres dont le professeur Antoine Pélissolo, des pharmaciens et pédopsychiatres, l'association Bicycle etc... - déplorent que «certains psychotropes ne sont en effet pas remboursés par la sécurité sociale dans le cadre de leurs usages en psychiatrie, et ce malgré le niveau de preuve tels qu'ils sont mondialement recommandés».

Ils soulignent que cette rigidité «exclut les patients les plus démunis de l'accès à des traitements qui sont parfois les seuls efficaces», «une situation particulièrement vraie en médecine extra-hospitalière où les psychiatres sont plus susceptibles d'être contrôlés par la Caisse d'assurance maladie pour des prescriptions hors AMM», c'est-à-dire des médicaments prescrits pour une maladie ou un trouble autre que celui officiellement autorisé par les autorités sanitaires.

Une pénurie de psychotropes en France

Or, en psychiatrie, 43,5% des prescriptions se font hors autorisation de mise sur le marché (AMM), précisent-ils. Ces molécules «parfois indispensables» diminuent selon eux, «considérablement le recours à d'autres prises en charge (bien plus coûteuses quoique remboursées)» mais aussi le taux d'hospitalisation, la fréquence de consultations et des arrêts de travail. «La possibilité pour un praticien de faire accéder son patient au remboursement de ces molécules sans être inquiété par la CPAM est une mesure peu coûteuse pouvant être adoptée sur directive ministérielle», écrivent-ils.

L'adoption d'une telle mesure, pourrait aussi, selon eux «partiellement pallier la pénurie de psychotropes frappant le pays» depuis le début de l'année. Ils demandent que «soit établie la liste des médicaments dont les patients de psychiatrie doivent pouvoir bénéficier quelles que soient leurs ressources, y compris si cela implique une prise en charge par la CPAM alors que la molécule n'a pas d'AMM dans cette indication».

Les approvisionnements de médicaments à base de quétiapine, souvent prescrits pour traiter la schizophrénie et les troubles bipolaires, vont rester compliqués au moins jusqu'à la fin de l'année, a prévenu lundi l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L'autorité sanitaire maintient aussi un suivi hebdomadaire de la situation d'autres antipsychotiques (rispéridone, chlorpromazine, venlafaxine, téralithe), confrontés à des difficultés d'approvisionnement à des degrés divers.

Alors que la santé mentale est «grande cause nationale» en 2025, ces pénuries sont une épreuve pour les malades, pour qui un arrêt brutal de traitement peut avoir des conséquences dramatiques.

*En psychiatrie, « les patients devraient être remboursés de certaines molécules non encore autorisées »

Psychiatrie: des médecins réclament le remboursement de certains traitements non encore autorisés


Pour aller plus loin, consultez le site suivant très informatif sur le sujet :

Prescription hors autorisation de mise sur le marché en psychiatrie adulte - Afis Science - Association française pour l’information scientifique

14 novembre 2025

Accès aux soins pour les personnes en situation de handicap : état des lieux et solutions

Vingt ans après la Loi Handicap, les inégalités persistent. De nombreuses personnes en situation de handicap rencontrent encore des obstacles dans leur parcours de soins. 

Quelle est la réalité de ces inégalités aujourd’hui ? Quelles solutions existent pour un accès aux soins équitable et sans entrave ? C’est ce que propose de découvrir « Handicap & Santé », une série de cinq reportages réalisés par Doctissimo, avec le soutien de Sanofi.

Épisode 4 - Handicap psychique et neurologique : lever le tabou


Comment sortir des tabous et améliorer l’accès aux soins de santé ?

13 novembre 2025

[Livre] : SCHIZOPHRENIE : Se rétablir de la maladie durablement avec une méthode unique basée sur l’expérience vécue, les neurosciences et la psychologie

Florent Babillote paru le 11 septembre 2025 

Et s'il était enfin possible de se rétablir durablement de la schizophrénie ?

Le diagnostic est tombé, et avec lui, un sentiment de fatalité ? Vous ou un proche êtes confronté au brouillard de la confusion, à l'isolement, aux traitements qui semblent ne gérer que les symptômes, sans jamais offrir de véritable espoir ? Vous n'êtes pas seul.
L’auteur a connu ce chemin semé d'embûches. Il a vécu la maladie de l'intérieur. Mais au lieu de la subir, il l'a transformée en une quête de connaissance.

Ce livre sur la schizophrénie n'est pas un simple manuel théorique de plus. 

C'est le témoignage puissant et la feuille de route d'un homme qui a tracé son propre chemin vers le rétablissement. En fusionnant son expérience vécue avec les dernières avancées en neurosciences et en psychologie appliquée, Florent Babillote a mis au point une méthode unique et nouvelle.
Il ne s'agit plus de simplement survivre, mais d'apprendre à mieux vivre avec la schizophrénie et, à terme, de reprendre le contrôle de sa vie.

Amazon. fr - SCHIZOPHRENIE: Se rétablir de la maladie durablement - Babillote, Florent - Livres



12 novembre 2025

Langue française : emploi inapproprié des mots ‘’schizophrène’’ et ‘’schizophrénie’’ .

Commentaire concernant l’émission "La grande matinale", rubrique "L’invité de 8h20, le grand entretien" du 14/10/2025, avec Philippe Aghion et l’emploi inapproprié des mots "schizophrène" et "schizophrénie".

Nous sommes de fidèles auditeurs de France Inter, merci pour vos émissions .
Bravo à Philippe Aghion pour le prix Nobel et merci infiniment à Nicolas Demorand pour son livre et son magnifique témoignage sur ses troubles psychiques.

2025 : Santé mentale, grande cause nationale, est-ce que chacun ne pourrait pas, à minima, faire attention aux termes qu’il emploie ? En parlant de l’usage de son téléphone Philippe Aghion dit "Je suis très schizophrène (11min. 12). J’ai cette schizophrénie-là (11min 22)".

Mais que vient faire ce nom de maladie psychique, très invalidante, dans la discussion ?!
Les mots ont un sens. Mal les utiliser, c’est les galvauder.

Monsieur Aghion, diriez-vous … que c’est complètement cancéreux ou sidéen… Non, vous ne le diriez pas.

La schizophrénie est une maladie que nous connaissons car l’un de nos fils en est atteint. Des aidants, des associations de familles de malades se battent pour que cette maladie fréquente (1 % de la population et 13 millions de personnes souffrent de troubles psychiques, soit 20 % de la population) soit mieux comprise et traitée.
Trop souvent dans les discours politiques et médiatiques, le terme « schizophrénie » est détourné. Chaque fois que nous entendons des personnes cultivées et intelligentes employer le nom ‘’schizophrénie’’ dans un contexte négatif et inapproprié nous sommes surpris, déçus, voire énervés.
La banalisation de l’utilisation péjorative du mot « schizophrénie » et de ses variations pour parler d’une personne ou d’une situation ambivalente, renforce les préjugés, la stigmatisation et l’isolement des personnes qui vivent avec ce trouble psychique. Il faut continuer d’expliquer, de diffuser des informations afin de corriger les préjugés, d’où mon courrier.
Si vous le souhaitez, veuillez contacter une association (par exemple l’ Unafam) pour avoir plus d’informations sur cette maladie et sur la façon d’en parler susceptible d’aider au mieux le plus grand nombre et corriger les préjugés.
En vous remerciant d’avoir pris le temps de nous lire et au plaisir de continuer à écouter France Inter.

La médiatrice de Radio France

Langue française #45/25 – La Médiatrice

11 novembre 2025

Schizophrénie : un antibiotique courant pourrait réduire le risque

Les patients s’étant rendus dans des services psychiatriques pour adolescents sont moins susceptibles de développer une schizophrénie à l'âge adulte s’ils sont traités par la doxycycline.

Hallucinations, idées délirantes, isolement social et relationnel… C’est ainsi que se traduit la schizophrénie. Cette maladie psychique débute souvent à l'adolescence, période critique de vulnérabilité. Afin de mieux comprendre comment la prévenir, des chercheurs de l'Université d'Édimbourg (Écosse) ont mené une étude parue dans la revue American Journal of Psychiatry* Dans le cadre de celle-ci, ils ont émis l'hypothèse que les jeunes ayant fréquenté des services psychiatriques pour adolescents exposés à la doxycycline, un antibiotique, présenteraient un risque moindre de développer une schizophrénie.

Afin de vérifier cette théorie, l’équipe a utilisé les données du registre national finlandais de santé. Elle a passé en revue les informations de 56.395 personnes, nées entre 1987 et 1997, ayant consulté des services psychiatriques pour adolescents, entre 13 et 18 ans, et s'étant vu prescrire des antibiotiques. Les patients ont été suivis depuis la première prescription d'antibiotiques jusqu'à l'âge de 30 ans.

Parmi eux, 16.189 avaient pris de la doxycycline. Ce médicament est indiqué dans le traitement des infections à germes sensibles à la doxycycline dans leurs manifestations respiratoires, génitales, urinaires, oculaires ou générales. De précédentes recherches suggèrent qu'elle peut réduire l'inflammation des cellules cérébrales et influencer l'élagage synaptique, un processus naturel par lequel le cerveau affine ses connexions neuronales. Un élagage excessif a été associé au développement de la schizophrénie.

"La formule g a été utilisée pour estimer le risque de schizophrénie en fonction des niveaux d'exposition à la doxycycline (dose cumulative de doxycycline utilisée : aucune utilisation de doxycycline ; faible utilisation : inférieur à 1.499 mg ; utilisation moyenne, 1.500-2.999 mg ; utilisation élevée, supérieur à 3.000 mg) pendant différentes périodes de suivi."

Un risque inférieur de 30 à 35 % de développer une schizophrénie grâce au doxycycline

Le risque de schizophrénie après 10 ans de suivi était de 2,1 % pour les personnes ayant pris des antibiotiques autres que la doxycycline. En comparaison, le risque de schizophrénie à 10 ans était significativement plus faible chez les patients traités par doxycycline. Ce dernier était inférieur de 30 à 35 %. "Actuellement, nous ne disposons d'aucune intervention connue pour réduire le risque de développer une schizophrénie chez ces jeunes. C'est pourquoi ces résultats sont si prometteurs.""Étant donné que cette étude était de nature observationnelle et non un essai contrôlé randomisé, nous ne pouvons pas tirer de conclusions définitives sur la causalité. Cependant, il s'agit d'un signal important qui justifie des recherches plus approfondies sur l'effet protecteur de la doxycycline et d'autres traitements anti-inflammatoires chez les jeunes patients en psychiatrie, afin de potentiellement réduire le risque de développer une maladie mentale grave à l'âge adulte", ont conclu les auteurs.

*Doxycycline Use in Adolescent Psychiatric Patients and Risk of Schizophrenia: An Emulated Target Trial | American Journal of Psychiatry

Schizophrénie : un antibiotique courant pourrait réduire le risque

08 novembre 2025

Dépression, schizophrénie : un biocapteur capable de détecter les maladies dans la salive

Des chercheurs ont mis au point un capteur portable capable de mesurer dans la salive la concentration d’une protéine liée à plusieurs maladies neurologiques ou psychiques comme la dépression et la schizophrénie.

La protéine facteur neurotrophique issu du cerveau (ou BDNF pour brain-derived neurotrophic factor) a été liée à plusieurs troubles neurologiques et psychiatriques comme la dépression, la schizophrénie ou le trouble bipolaire.

Par exemple, alors que les personnes en bonne santé affichent un taux de BDNF supérieur à 20 nanogrammes par millilitre (ng/mL), celles atteintes de trouble dépressif majeur présentent des niveaux inférieurs à 10 ou 12 ng/mL.

Partant de ce constat, des chercheurs de l'Université de São Paulo et d'Embrapa Instrumentação (Brésil) ont développé un biocapteur portable capable d’identifier la protéine ainsi que les variations de sa concentration dans la salive. L'outil a été présenté dans la revue ACS Polymers Au en août dernier.

Le biocapteur se compose d'une bandelette flexible munie d'électrodes et d’un analyseur portable. En moins de trois minutes, l’appareil mesure la concentration de BDNF dans la salive. Les résultats peuvent être affichés en temps réel sur un appareil mobile via Bluetooth.

Les tests réalisés avec ce nouvel outil ont montré qu’il est capable de détecter de manière fiable des concentrations extrêmement faibles de la protéine dans les échantillons salivaires ainsi que les variations de taux.

"Il y a peu de capteurs qui effectuent ce type d'analyse, et le nôtre est celui qui a le mieux fonctionné. Il a détecté un large éventail de concentrations, ce qui est un très bon résultat d'un point de vue clinique. Lorsque les niveaux de protéines sont très bas, cela peut servir de signe avant-coureur pour les maladies et les troubles psychiatriques", explique Paulo Augusto Raymundo Pereira, chercheur dans une interview accordée à Agência FAPESP

Dépression : l’appareil pourrait aussi évaluer l’efficacité des traitements

Le biocapteur ne serait pas uniquement utile pour détecter les personnes à risque de dépression, schizophrénie ou autres troubles liés à BDNF. Comme il est capable de mesurer précisément aussi bien les hausses que les baisses des taux de la protéine, l’outil pourrait aussi améliorer le suivi thérapeutique des malades.

En effet, de précédents travaux ont démontré que les antidépresseurs font grimper les niveaux de cette protéine qui joue un rôle crucial dans la croissance et le maintien des neurones.

"En étant capable de signaler une augmentation du BDNF, il contribue comme outil pour surveiller les progrès du patient en fonction du traitement", confirme le scientifique. "Nous nous dirigeons vers la médecine personnalisée, dans laquelle les traitements seront de plus en plus adaptés à chaque individu. Dans le cas du biocapteur, il peut être optimisé pour s'adapter à différents profils", ajoute-t-il dans un communiqué.

Le Dr Pereira et son équipe travaillent désormais sur le dépôt d’un brevet de leur capteur dont ils ont estimé le coût à seulement 1,89 euro par unité.

Dépression, schizophrénie : un biocapteur capable de détecter les maladies dans la salive

07 novembre 2025

Groupes d’entraide mutuelle : bilan contrasté

Le bilan 2022-2023 de l’activité des Groupes d’entraide mutuelle (GEM), mené par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), montre une consolidation du soutien à ces dispositifs. Toutefois, des disparités régionales persistent, le nombre de nouveaux adhérents est en baisse et les partenariats avec les MDPH ou les acteurs de l’insertion sociale et professionnelle restent limités.

Pour rappel, introduits par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, les groupes d’entraide mutuelle (GEM) sont des dispositifs destinés à favoriser l’inclusion sociale et à rompre l’isolement des personnes en situation de grande vulnérabilité. 

Constitués sous forme d’association, ils ont pour vocation de soutenir l’autodétermination de leurs membres et de renforcer leur participation citoyenne. Fondés sur les principes de la pair-aidance et du pouvoir d’agir, ils réunissent des personnes confrontées à des difficultés similaires, favorisant ainsi le soutien mutuel et la création de liens sociaux.

06 novembre 2025

Des baskets et un dossard : aux courses de Colmar, des patients en soins psy vont dépasser la maladie

Sur la ligne de départ, on imagine que leur cœur va battre encore un peu plus fort que celui de leurs voisins. Ce dimanche 2 novembre, une petite équipe de patients en soins psychiatriques participera aux courses de Colmar. Rencontre avec un groupe qui a transformé un sport individuel en une formidable aventure collective.

Ils s’appellent Éric, Sophie, David ou Marie, ont traversé des graves périodes de dépression, souvent liées au travail, sont atteints de schizophrénie ou ont traversé des périodes d’addiction. Des parcours de vie passés par une hospitalisation en soins psychiatriques, qui ont convergé vers une même piste d’athlétisme, à enchaîner les tours de stade, quelle que soit la météo.

Athlétisme. Des baskets et un dossard : aux courses de Colmar, des patients en soins psy vont dépasser la maladie

05 novembre 2025

5 idées reçues sur la santé mentale

Déclarée Grande Cause nationale 2025, la santé mentale a beaucoup fait parler d’elle cette année. Malgré tout, elle génère encore de nombreux préjugés. De fausses croyances qui peuvent entraîner des retards de diagnostic et donc de soins.

La santé mentale ne se définit pas seulement comme l’absence de troubles psychiques (anxiété, dépression, troubles du comportement alimentaire, schizophrénie, bipolarité…). C’est « un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté », selon l’Organisation mondiale de la santé.

Il n’est plus possible aujourd’hui d’ignorer cette composante essentielle de notre santé, ainsi que le montrent les chiffres (voir encadré). Pourtant, certaines idées reçues perdurent sur la santé mentale. Et ces préjugés empêchent parfois d’en parler et donc de se soigner.

« Les problèmes psys, ça ne me concerne pas »

Comme souvent avec les maladies qui suscitent la peur (c’est le cas aussi du cancer), on n’imagine pas que l’on peut être touché par les troubles psychiques. « La réalité, c’est qu’on peut tous l’être : si on ne l’est pas directement, ce sera un proche. Mais on y sera confronté un jour ou l’autre », rappelle la Dr Sarah Smadja (1), psychiatre et cheffe de service au sein du GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences.

C’est ce déni qui peut amener à ne pas se rendre compte que son conjoint, son enfant va mal. « Si un jeune se renferme, on va avoir tendance à se dire "ça va passer, c’est la crise d’adolescence", alors que c’est peut-être le début de quelque chose. »

La santé mentale en chiffres

1 personne sur 4 va souffrir d’un trouble mental à un moment de sa vie.

Un tiers des arrêts de travail ont des motifs psychologiques.

La santé mentale est le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie, devant les cancers et les maladies cardiovasculaires (plus de 23 milliards d’euros chaque année).

23 % des Français ont le sentiment de ne pas prendre soin de leur santé mentale (c’est encore plus vrai chez les femmes et les 18-24 ans).

« Pas besoin d’aller voir un psy si je n’ai pas de trouble sévère »

La perte de son emploi, l’interruption d’une grossesse, le départ des enfants de la maison, un deuil… Il existe de multiples événements qui, au cours de la vie, peuvent nous fragiliser, pour un temps seulement ou plus durablement. Or, il peut être opportun de consulter dès les premiers signes de mal-être, avant que celui-ci ne s’installe. C’est d’ailleurs pour faciliter l’accès à un accompagnement psychologique que l’Assurance maladie a créé « Mon soutien psy » : jusqu’à 12 séances par an chez un psychologue, remboursées par la Sécurité sociale et les complémentaires santé.

Toutefois, faire cette démarche reste parfois tabou dans notre société. Elle est également perçue, à tort, comme réservée aux personnes souffrant de troubles psychiques chroniques ou sévères. Si l’on est « simplement » déprimé, il suffirait de se prendre en main, de ne pas trop s’écouter. « Mais ce n’est pas une question de volonté, souligne Aude Caria, psychologue et directrice de Psycom, un organisme public d'information sur la santé mentale et de lutte contre la stigmatisation. Dire à quelqu’un qui se trouve dans cette situation de "se bouger" est totalement contre-productif. Car être en incapacité de faire quoi que ce soit est justement l’un des symptômes de la dépression. » Mieux vaut lui conseiller d’en parler à son médecin traitant ou d’appeler une ligne d’écoute.

« Les troubles psychiques, ça ne se soigne pas, c’est pour la vie »

Le judoka Teddy Riner, le chanteur Stromae, l’actrice Isabelle Carré… depuis une dizaine d’années, de plus en plus de personnalités évoquent leur santé mentale et les soucis qu’elles ont pu rencontrer à un moment donné de leur vie. Une démarche qui aide à libérer la parole et qui montre que personne n’est épargné, mais aussi et surtout que l’on peut s’en sortir.

« Le trouble psychique est vu comme un poids que l’on traîne toute sa vie, qui nous collerait à la peau et finirait même par nous définir. On oublie que cela peut être très ponctuel et que certaines maladies s’expriment sous forme de crises passagères, rappelle la Dr Sarah Smadja. Si la prise en charge a été précoce, et avec le bon traitement, il est tout à fait possible de mener une vie normale. »

La récente révélation du journaliste Nicolas Demorand concernant sa bipolarité a d’ailleurs confirmé que l’on pouvait travailler avec cette maladie mentale, et sans que celle-ci ne soit connue.

« Les personnes qui ont des troubles sévères sont violentes et dangereuses »

Le cinéma, les séries et la littérature proposent parfois une vision caricaturale de la santé mentale. Les personnages souffrant de maladies mentales sont présentés comme violents et dangereux et les soins psychiatriques réduits à l'enfermement à vie à l'hôpital. « L'hospitalisation est en fait réservée aux cas les plus graves et pour des périodes courtes », indique la directrice de Psycom.

Cette idée reçue n’est pas sans conséquence. « Elle génère de la peur et un retard dans l’accès aux soins », déplore la psychiatre Sarah Smadja.

« Il faut forcément des médicaments pour se soigner »

Tout comme l’hospitalisation, les traitements lourds (et notamment la prise de médicaments) ne sont pas non plus toujours indispensables. Tout dépend du trouble et de son degré de sévérité. L’arsenal thérapeutique s’est en effet élargi. « Aujourd’hui, le traitement médicamenteux n'est qu'une option parmi d'autres, rappelle la Dr Sarah Smadja. Une psychothérapie suffit parfois. Des études ont même montré que, dans des dépressions légères par exemple, une activité physique permet de se passer de traitement. »

Plus largement, de nombreux facteurs favorisent une bonne santé mentale (lire encadré). En plus de l’activité physique, le sommeil, l’alimentation, la nature ou encore les relations sociales ont une influence sur le psychisme.

5 idées reçues sur la santé mentale | Harmonie Santé

03 novembre 2025

[Interview] : "Si on a davantage parlé de santé mentale, la psychiatrie est toujours à la peine"

Entretien avec Corinne Martinez, administratrice et pilote du Groupe Technique national Santé et Soins de l’Unafam.

En cette fin octobre, alors que l’année de la santé mentale tire à sa fin, quel pré-bilan tirez-vous ?

Corinne Martinez – Il est très mitigé. Bien sûr, et c’est un point positif, on a davantage parlé de santé mentale et, surtout, du mal-être qui touche de nombreux jeunes. Mais pour ce qui est de la psychiatrie, qui est notre périmètre à l’Unafam, elle est toujours à la peine.

Et pas vraiment de plan santé mentale à l’œuvre, en dépit du label « cause nationale »…

M – Sur le papier, le plan santé mentale de Yannick Neuder, le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins du gouvernement Bayrou, dévoilé en juin dernier, vise à renforcer la psychiatrie. C’est écrit en tout cas. Au niveau des principes, l’Unafam est assez satisfaite de voir que certaines de ses propositions ont été reprises, comme le repérage précoce ou le besoin de formation des médecins de premier recours. Après, comment sera-t-il mis en œuvre ? C’est la question, dans le contexte politique que l’on connaît. A part de l’affichage, ça reste très flou.

En matière de psychiatrie, l’année 2025 n’aura-t-elle pas permis quand même de faire bouger les lignes ?

M – Elle aura peut-être permis de lancer des fils pour que l’individualisme qui caractérise nos sociétés arrive à évoluer vers davantage d’attention à l’autre. A cet égard, la manifestation du 10 février dernier, place de la République, à Paris, à l’occasion du 20e anniversaire de la loi handicap de 2005, a été un moment mémorable. Ce genre d’événement remet sur le devant de la scène l’idée qu’on a tous la possibilité de faire quelque chose. C’est pourquoi, par exemple, l’Unafam plaide, dans ses 48 propositions, en faveur du déploiement des Premiers secours en santé mentale auprès de la population générale.

Ces 48 propositions s’articulent autour de 3 axes, le premier appelant à « agir précocement ». En quoi est-ce nécessaire de repérer le plus tôt possible un trouble psychique ?

M – On sait aujourd’hui que plus on agit tôt, moins la maladie va s’installer et plus le handicap associé pourra être évité ou minoré. Et selon les cas, elle pourra être réversible. En raison de la plasticité ou de la maturité cérébrale chez les plus jeunes, rien n’est perdu si l’on peut agir avant 25 ans. Même avec des aménagements, la personne pourra se réinsérer dans la vie, celle qu’elle s’est choisie. Agir précocement, c’est éviter le couperet. Et puisque le contexte nous porte à faire des économies, c’est aussi réduire les coûts pour la société, puisque la personne va bien et pourra même être contributive au collectif.

Agir tôt suppose quelques améliorations…

M – Le maître-mot, c’est formation. Le premier contact, c’est le médecin traitant. Il faut donc faire en sorte qu’il y ait une formation digne de ce nom à la psychiatrie au cours du cursus en médecine et, en attendant, que soient proposés, au moins dans le cadre de la formation continue, des modules pour les généralistes, comme cela se fait dans certaines régions où il y a des contacts entre les établissements psychiatriques et les Unions régionales des professionnels de santé (URPS). Au travers des projets territoriaux de santé mentale et des conseils locaux de santé mentale, il faut impérativement mettre l’ensemble des acteurs en réseau et s’appuyer sur toutes ces compétences.

Ce qui revient à dire que, en santé aussi, il faut en finir avec le travail en silos…

M – L’approche pluriprofessionnelle qui favorise la prise en charge de la personne dans sa globalité, psychique et somatique, s’inscrit bien dans ce concept de « One Health » (« une seule santé »), préconisé par l’OMS en matière d’accompagnement et de rétablissement. On sait aujourd’hui que certaines molécules entraîneront des effets indésirables, tels que le diabète, ou seront, chez les femmes, à surrisque de cancer du sein. Il y a aussi un corps, il faut s’en occuper.

Et rappelons qu’il est possible de faire du repérage très tôt…

M – Effectivement, les sage-femmes ont un rôle à jouer, en première ligne, dans le repérage des dépressions du post-partum, afin de prévenir les éventuelles incidences sur le développement des nourrissons. Et la prévention est aussi l’une des missions de la médecine scolaire, à ceci près que, avec 900 médecins scolaires pour quelque 12 millions d’élèves, elle ne peut remplir correctement sa mission.

Le deuxième axe de vos propositions vise à « Promouvoir le rétablissement de tous grâce à une psychiatrie de qualité ancrée sur la communauté ». En clair, l’Unafam défend une approche plus inclusive, notamment vis-à-vis des proches, parents, fratries…

M – Outre la réorganisation des soins, qui passe notamment par un accès plus rapide à une première consultation spécialisée, il faut aussi accompagner les parents, pour lesquels la découverte d’une maladie psychiatrique chez leur enfant ou adolescent, constitue un séisme et, double peine, un vrai parcours du combattant (errance médicale, reconnaissance du handicap, etc.). La psychoéducation est là pour prendre en compte cette douleur, voire ce traumatisme, et dire aux familles qu’elles ne sont pas seules. Apprendre à comprendre la maladie, c’est une chose, mais savoir quels comportements adopter et faire confiance, et pouvoir dialoguer avec les soignants est tout aussi important. La psychoéducation sert à reconnaître la place de chacun. C’est pour cela que l’Unafam a porté en association avec le Centre lyonnais pour les aidants /familles en psychiatrie (CLAP) du Vinatier, le programme de psychoéducation BREF.

A ce sujet, l’Unafam souhaite la reconnaissance et professionnalisation de la pair-aidance, ainsi que son intégration dans les équipes de soins…

M – Les études montrent qu’une personnes malade, en particulier si elle est jeune, se confiera plus volontiers à un « alter égo », qui lui ressemble, est passé par là et s’en est sorti. L’échange s’installe plus naturellement, sans les réserves d’une relation « sachant/patient ». Et d’ailleurs, bien souvent, les professionnels de santé sont amenés à changer leur vision, face à un pair-aidant qui est capable de leur dire que telle attitude génère tel ressenti chez le patient, etc. Tout le monde a à y gagner. Enfin, l’ambition du rétablissement ne vise pas l’intégration sociale dans la normalité la plus absolue. La volonté de la personne malade doit être respectée, quels que soient ses choix.

« Respecter les droits », c’est précisément l’objet du 3e et dernier axe de vos propositions pour une refondation de la psychiatrie. Aujourd’hui encore, des progrès restent à faire, en matière de respect de la dignité des personnes ?

M – On voit encore en 2025 des personnes qui, arrivant pour une hospitalisation complète, se retrouvent en pyjama, sans portable, qu’on lui a retiré, sans accès à la famille ! Et je ne parle même pas de la contention. L’Unafam a publié en juin dernier un Manifeste pour l’abolition de la contention en psychiatrie, comme l’ont fait certains pays, à l’instar de l’Italie, le Danemark, le Royaume-Uni, etc. Problème de formation ou d’éthique, toujours est-il qu’il est possible de proposer des alternatives, comme des salons d’apaisement pour les patients agités ou les plans de prévention partagés (directives anticipées en psychiatrie).

En résumé, il faut en finir avec cette pratique de l’enfermement…

M – Elle est traumatisante pour les patients, évidemment, mais également pour les soignants. Si on développe une nouvelle appréhension de la psychiatrie, on réussira à faire de ce secteur une discipline de pointe, d’autant que, dans le même temps, a émergé la psychiatrie personnalisée de précision, qui fait appel à l’IRM, la génétique, etc., pour le diagnostic et le ciblage des traitements.

Pensez-vous que cela puisse aussi contribuer à rendre la filière « psy » plus attractive ?

M – Certainement. On est vraiment dans une dynamique nouvelle, avec des publications quasiment chaque semaine sur les molécules, les neurotransmetteurs ou encore sur l’impact des traumas sur la vulnérabilité génétique. J’ai l’impression que nous sommes à un moment où tout se met en place pour qu’il y ait des avancées majeures et des ouvertures, comme on l’a vu avec le sida ou le cancer.

Dans cet alignement des planètes, croyez-vous en l’avènement d’un plan pour la psychiatrie à l’orée de 2026 ?

M – Nous aurions besoin d’une mise à plat. Au cours des dernières années, des financements ont été attribués, commençons donc, déjà, par évaluer ce qui existe sur le terrain – en termes de pratiques mises en place, de respect des cahiers des charges, d’efficience, de résultats, etc. Les pays nordiques, le Canada le font quasi en routine. Il n’est pas question de sanctionner, mais de comprendre pourquoi telle ou telle initiative ne marche pas, et de se réorienter. Sans évaluation, il est difficile d’analyser finement les besoins, en respectant les problématiques territoriales.

« Si on a davantage parlé de santé mentale, la psychiatrie est toujours à la peine » - France Assos Santé