L’inflammation chronique peut entraîner un risque de maladies cardio-vasculaires chez les personnes avec une schizophrénie. Des chercheurs du réseau des Centres Experts FondaMental Schizophrénie ont établi un nouveau seuil de détection de l’inflammation, en vue d’adapter les prises en charge et les traitements chez les personnes à risque.
Prévenir les risques de
l’inflammation chronique
L’inflammation
est une réaction de défense de l’organisme
face à une agression physique ou biologique. Il s’agit d’un
processus
immunitaire habituellement bénéfique mais il peut devenir
délétère si un
dysfonctionnement intervient.
Ainsi,
chez certaines personnes avec schizophrénie,
l’inflammation peut devenir chronique. Ce phénomène a un
impact majeur sur la
santé des personnes, avec pour conséquence d’augmenter le
risque de cancer
et de maladies cardio-vasculaires, qui sont les
premières causes de
mortalité après 35 ans dans la schizophrénie.
Pour
le Dr Guillaume Fond, psychiatre aux Hôpitaux
Universitaires de Marseille, « repérer l’inflammation
dans la
schizophrénie représente donc un enjeu majeur dans le soin,
puisqu’elle
peut conduire à proposer des traitements spécifiques. »
Mieux comprendre l’impact de
l’inflammation sur le fonctionnement et sur la maladie
Pour
cette étude, les chercheurs du réseau des Centres
Experts Schizophrénie de la Fondation FondaMental ont
inclus 580 patients issus
de la cohorte de suivi FACE-SZ.
Les
patients avaient un taux de C-reactive protéine
ultrasensible (ou CRP, un marqueur courant de l’inflammation)
compris entre 0
et 3 mg/L, ce qui est couramment considéré comme une absence
d’inflammation en
pratique clinique.
Pourtant,
des études cardiologiques réalisées par des
équipes américaines suggèrent qu’un taux compris entre 1 et
3 mg/L représente
un risque intermédiaire de maladie cardio-vasculaire.
Les
résultats de cette étude ont montré que les patients
qui avaient des taux de CRP ultrasensible compris entre 1 et 3
mg/L avaient plus
de risque d’avoir des symptômes positifs, négatifs et
cognitifs de la
schizophrénie, mais également un niveau de fonctionnement
plus faible que les
patients ayant une CRP indétectable.
Une étude des Centres Experts Schizophrénie, réalisée en
2016, avait déjà mis
en évidence des scores de fonctionnement intellectuel
général plus bas chez
les sujets qui présentaient une inflammation périphérique
chronique.
Un nouveau seuil de détection
de l’inflammation chronique
Cette étude suggère donc que les
personnes avec schizophrénie dont le taux de CRP est compris
entre 1 et 3 mg/L présentent
un risque élevé de développer des troubles associés à
l'inflammation.
« Nous
proposons désormais de considérer le
seuil de 1mg/L comme le seuil de détection de
l’inflammation dans la
schizophrénie. » préconise le Dr Guillaume Fond.
« Tout
patient peut recevoir sur prescription de son médecin un
dosage de CRP
ultrasensible, remboursé et effectué dans un laboratoire de
ville. »
Le
surpoids et l’absence de soins dentaires ont également
été identifiés comme des facteurs de risque d’inflammation. La
perte de
poids et le traitement des problèmes dentaires apparaissent
comme deux mesures
primordiales à prendre en compte dans le suivi, afin
d’améliorer la prise en
charge de l’inflammation dans la schizophrénie.
Source : Fond G et al.
// Progress in Neuropsychopharmacology &
Biological Psychiatry // Redefining
peripheral
inflammation signature in schizophrenia based on the
real-world FACE-SZ cohort