Déclarée Grande Cause nationale 2025, la santé mentale a beaucoup fait parler d’elle cette année. Malgré tout, elle génère encore de nombreux préjugés. De fausses croyances qui peuvent entraîner des retards de diagnostic et donc de soins.
La santé mentale ne se définit pas seulement comme l’absence de troubles psychiques (anxiété, dépression, troubles du comportement alimentaire, schizophrénie, bipolarité…). C’est « un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté », selon l’Organisation mondiale de la santé.
Il n’est plus possible aujourd’hui d’ignorer cette composante essentielle de notre santé, ainsi que le montrent les chiffres (voir encadré). Pourtant, certaines idées reçues perdurent sur la santé mentale. Et ces préjugés empêchent parfois d’en parler et donc de se soigner.
« Les problèmes psys, ça ne me concerne pas »
Comme souvent avec les maladies qui suscitent la peur (c’est le cas aussi du cancer), on n’imagine pas que l’on peut être touché par les troubles psychiques. « La réalité, c’est qu’on peut tous l’être : si on ne l’est pas directement, ce sera un proche. Mais on y sera confronté un jour ou l’autre », rappelle la Dr Sarah Smadja (1), psychiatre et cheffe de service au sein du GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences.
C’est ce déni qui peut amener à ne pas se rendre compte que son conjoint, son enfant va mal. « Si un jeune se renferme, on va avoir tendance à se dire "ça va passer, c’est la crise d’adolescence", alors que c’est peut-être le début de quelque chose. »
La santé mentale en chiffres
1 personne sur 4 va souffrir d’un trouble mental à un moment de sa vie.
Un tiers des arrêts de travail ont des motifs psychologiques.
La santé mentale est le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie, devant les cancers et les maladies cardiovasculaires (plus de 23 milliards d’euros chaque année).
23 % des Français ont le sentiment de ne pas prendre soin de leur santé mentale (c’est encore plus vrai chez les femmes et les 18-24 ans).
« Pas besoin d’aller voir un psy si je n’ai pas de trouble sévère »
La perte de son emploi, l’interruption d’une grossesse, le départ des enfants de la maison, un deuil… Il existe de multiples événements qui, au cours de la vie, peuvent nous fragiliser, pour un temps seulement ou plus durablement. Or, il peut être opportun de consulter dès les premiers signes de mal-être, avant que celui-ci ne s’installe. C’est d’ailleurs pour faciliter l’accès à un accompagnement psychologique que l’Assurance maladie a créé « Mon soutien psy » : jusqu’à 12 séances par an chez un psychologue, remboursées par la Sécurité sociale et les complémentaires santé.
Toutefois, faire cette démarche reste parfois tabou dans notre société. Elle est également perçue, à tort, comme réservée aux personnes souffrant de troubles psychiques chroniques ou sévères. Si l’on est « simplement » déprimé, il suffirait de se prendre en main, de ne pas trop s’écouter. « Mais ce n’est pas une question de volonté, souligne Aude Caria, psychologue et directrice de Psycom, un organisme public d'information sur la santé mentale et de lutte contre la stigmatisation. Dire à quelqu’un qui se trouve dans cette situation de "se bouger" est totalement contre-productif. Car être en incapacité de faire quoi que ce soit est justement l’un des symptômes de la dépression. » Mieux vaut lui conseiller d’en parler à son médecin traitant ou d’appeler une ligne d’écoute.
« Les troubles psychiques, ça ne se soigne pas, c’est pour la vie »
Le judoka Teddy Riner, le chanteur Stromae, l’actrice Isabelle Carré… depuis une dizaine d’années, de plus en plus de personnalités évoquent leur santé mentale et les soucis qu’elles ont pu rencontrer à un moment donné de leur vie. Une démarche qui aide à libérer la parole et qui montre que personne n’est épargné, mais aussi et surtout que l’on peut s’en sortir.
« Le trouble psychique est vu comme un poids que l’on traîne toute sa vie, qui nous collerait à la peau et finirait même par nous définir. On oublie que cela peut être très ponctuel et que certaines maladies s’expriment sous forme de crises passagères, rappelle la Dr Sarah Smadja. Si la prise en charge a été précoce, et avec le bon traitement, il est tout à fait possible de mener une vie normale. »
La récente révélation du journaliste Nicolas Demorand concernant sa bipolarité a d’ailleurs confirmé que l’on pouvait travailler avec cette maladie mentale, et sans que celle-ci ne soit connue.
« Les personnes qui ont des troubles sévères sont violentes et dangereuses »
Le cinéma, les séries et la littérature proposent parfois une vision caricaturale de la santé mentale. Les personnages souffrant de maladies mentales sont présentés comme violents et dangereux et les soins psychiatriques réduits à l'enfermement à vie à l'hôpital. « L'hospitalisation est en fait réservée aux cas les plus graves et pour des périodes courtes », indique la directrice de Psycom.
Cette idée reçue n’est pas sans conséquence. « Elle génère de la peur et un retard dans l’accès aux soins », déplore la psychiatre Sarah Smadja.
« Il faut forcément des médicaments pour se soigner »
Tout comme l’hospitalisation, les traitements lourds (et notamment la prise de médicaments) ne sont pas non plus toujours indispensables. Tout dépend du trouble et de son degré de sévérité. L’arsenal thérapeutique s’est en effet élargi. « Aujourd’hui, le traitement médicamenteux n'est qu'une option parmi d'autres, rappelle la Dr Sarah Smadja. Une psychothérapie suffit parfois. Des études ont même montré que, dans des dépressions légères par exemple, une activité physique permet de se passer de traitement. »
Plus largement, de nombreux facteurs favorisent une bonne santé mentale (lire encadré). En plus de l’activité physique, le sommeil, l’alimentation, la nature ou encore les relations sociales ont une influence sur le psychisme.
5 idées reçues sur la santé mentale | Harmonie Santé
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