Cette étude réalisée par le cabinet Generacio avec l’association "Les invités au festin", le souligne en préambule, la santé mentale a été désignée « Grande cause nationale » en France en 2025 par les pouvoirs publics en pointant quatre objectifs forts, à savoir : la déstigmatisation, le développement de la prévention et du repérage précoce, l’amélioration de l’accès aux soins partout sur le territoire français, l’accompagnement des personnes concernées. Pour autant, « dans les premières actions prévues dans ce cadre, le public des personnes vieillissantes atteintes de troubles psychiques n’est pas formellement identifié« .
L’absence d’une catégorisation précise des personnes vieillissantes atteintes de troubles psychiques rend difficile l’identification et la compréhension des besoins de ce public. Par voie de conséquence, il est aussi difficile de développer une offre adaptée à leurs besoins, autant sur le plan médico-social que résidentiel. Au sein de cette étude, le profil du public étudié aux « personnes vieillissantes en souffrance psychique » est entendu comme des personnes ayant souffert de troubles psychiatriques avérés la majeure partie de leur vie et qui avancent en âge.
Caroline Roussel Baclet, Docteur en psychologie, spécialisée en psychologie et neuropsychologie du vieillissement, l’explique dans cette recherche : « le vieillissement des personnes souffrant de troubles psychiques n’est pas sans poser un certain nombre de problèmes du fait de la vulnérabilité que constitue le handicap psychique » :
– comorbidités accrues par rapport à la population générale vieillissante, il existe chez ces sujets un vieillissement physique prématuré accentué ;
– risque accru de développer des maladies chroniques physiques ; des particularités qui s’expliquent à la fois par les effets secondaires de la prise de psychotropes sur de longues périodes, par certains comportements à risque et par les modes de vie particuliers adoptés par les souffrant de troubles psychiques ;
– par ailleurs, les antécédents de troubles psychiques augmentent la vulnérabilité cognitive et le risque de développer des troubles cognitifs est nettement accru ;
– sur le versant social et relationnel, l’isolement et le manque de réseau de soutien sont plus fréquents chez les personnes souffrant de troubles psychiatriques.
« Le terme de « double peine » n’est donc pas trop fort pour qualifier le processus de vieillissement de ceux qui présentent par ailleurs des troubles psychiques » souligne la psychologue.
L’absence de solutions d’habitat pour les personnes vieillissantes en souffrance psychique
Le droit au logement reste un droit fondamental qui n’est malheureusement pas toujours accessible à tous, notamment pour les personnes vivant avec des troubles psychiques. Malgré les besoins identifiés, il n’apparait donc pas clairement une offre de solutions d’habitat, spécifique ou non, pouvant répondre à leurs besoins spécifiques. Les solutions actuelles, à savoir le domicile ordinaire, des structures relevant du secteur social comme les pensions de famille, ou encore l’EHPAD pour la fin du parcours résidentiel, n’ont pas été pensées spécifiquement pour ce public et se heurtent toutes à des difficultés d’accompagnement du fait de la spécificité des besoins de ces personnes. L’enjeu semble alors double : il s’agit de comprendre et faire connaitre les solutions potentielles existantes dans chaque secteur (social, sanitaire et médico-social) en pointant leurs avantages et limites, mais aussi de développer des solutions réellement adaptées pour accueillir des personnes vieillissantes en souffrance psychique.
10 enjeux, défis à relever
Les auteurs de cette étude identifient donc 10 enjeux pour mieux comprendre et accompagner les personnes vieillissantes en souffrance psychique :
– former les professionnels aux spécificités de l’accompagnement des personnes vieillissantes atteintes de troubles psychiques ;
– repérer les signes avant-coureurs du vieillissement pour mieux gérer la superposition des effets de l’avancée en âge sur les troubles psychiques ;
– renforcer la collaboration interprofessionnelle entre les secteurs sanitaire, médico-social et social pour créer un environnement adapté ;
– s’appuyer ur un collectif soutenant et bienveillant autour des personnes vieillissantes en faveur du maintien de leur autonomie ;
– anticiper les conséquences de l’avancée en âge des résidants sur la vie collective ;
– responsabiliser les personnes « faire avec » et non « à la place de » ;
– soutenir les familles ;
– préparer avec les personnes concernées leur parcours résidentiel ;
– développer des solutions intermédiaires entre les pensions de famille et l’EHPAD ;
– dépasser la segmentation des politiques publiques pour fluidifier les parcours.
Vers un modèle d’accompagnement intégré et évolutif ?
En définitive, cette étude amène à repenser l’accompagnement des personnes vieillissantes en souffrance psychique dans leur parcours résidentiel. Au-delà des adaptations ponctuelles, c’est un véritable modèle d’accompagnement intégré et évolutif qui doit être construit, associant étroitement les dimensions sanitaire, sociale et médicosociale.
Ce modèle pourrait s’appuyer sur plusieurs principes : une évaluation multidimensionnelle régulière des besoins et capacités des personnes, une diversification de l’offre d’habitat permettant des transitions progressives, un renforcement des compétences des professionnels et une coordination renforcée entre les différents acteurs du territoire.
• Le parcours résidentiel des personnes vieillissantes en souffrance psychique : 10 enjeux pour mieux comprendre et accompagner – Analyse Exploratoire n°2 : Avril 2025 (PDF)
Quel parcours résidentiel pour les personnes vieillissantes en souffrance psychique ? - Santé Mentale
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