Sans le savoir, chacun connaît probablement une personne atteinte de troubles bipolaires. Un individu sur 100, selon les études épidémiologiques, est en effet concerné. Il s’agit de la sixième cause mondiale de handicap : les patients sont sujets à des phases maniaques – se traduisant par de l’hyperactivité, de l’euphorie, et d’autres troubles comportementaux qui ont un impact majeur sur la vie sociale, professionnelle et affective – et à des phases dépressives. Hélas, les troubles bipolaires sont associés à une réduction de l’espérance de vie de 10 ans en raison des risques de conduites suicidaires associés, et de comorbidités somatiques comme les maladies cardiovasculaires.
Malgré ce tableau sombre, la recherche sur les troubles bipolaires accuse un certain retard. C’est pour répondre à cette lacune que la cohorte FACE-BD (FondaMental Advanced Center of Expertise for Bipolar Disorder) a été créée il y a une dizaine d’années par la fondation FondaMental. Elle regroupe à ce jour 4 422 personnes atteintes de ce trouble. Dans une récente publication, les équipes de la fondation, menées par Marion Leboyer, qui a reçu le Grand Prix Inserm en 2021 pour ses découvertes sur les troubles bipolaires notamment, ont fait le bilan de cette décennie de suivi de la cohorte. Et force est de constater que les connaissances ont fortement progressé, sur tous les plans : origine de la pathologie, trajectoires des patients, liens avec la cognition, traitements, observance de la prise en charge… les réponses émergent à un rythme soutenu.