Lue sur X, une réflexion autour du mot "Inclusion"
Je commence à en avoir assez du mot inclusion.
On l’entend partout, et moi-même, je l’utilise souvent, presque par automatisme. Mais en y réfléchissant, ce terme me dérange profondément, surtout lorsqu’il est associé au handicap. Pourquoi ? Parce qu’il révèle une réalité : dans notre société, les personnes handicapées sont encore perçues comme "à part", comme si elles devaient être "intégrées" dans un système qui n’a pas été conçu pour elles.
Pourquoi parle-t-on encore d’inclusion ?
Ce mot suggère qu’il y aurait un "dedans" et un "dehors". Que les personnes valides représenteraient la norme, et que celles vivant avec un handicap devraient s’adapter – ou bénéficier d’un geste pour y entrer. Mais ce cercle, pourquoi ne le détruit-on pas ? Pourquoi ne redéfinit-on pas une société où chacun a sa place, sans qu’il soit nécessaire de le revendiquer ou de se battre ? Regardez : les ministres du handicap se succèdent, et quelles sont leurs premières actions ? Ils visitent des ESAT, des centres spécialisés, des lieux bien cadrés, où tout semble fonctionner, mais où rien ne bouge depuis des décennies. Pourquoi ne commencent-ils pas par les MDPH, là où les personnes handicapées et leurs familles affrontent des obstacles quotidiens ? Pourquoi ne vont-ils pas dans des entreprises pour observer comment ces personnes sont accueillies, ou discriminées ? Ces visites reflètent un système qui préfère maintenir le handicap à l’écart, dans des structures spécifiques, plutôt que d’affronter les vraies questions.
Ces choix montrent bien qu’on continue de percevoir le handicap comme un domaine à part.
Pourtant, les personnes handicapées ne sont ni des quotas, ni des exemples à valoriser uniquement lorsqu’elles "surmontent" leurs difficultés. Elles n’ont pas à prouver qu’elles méritent leur place. Ce sont des citoyens, comme les autres, avec les mêmes droits et aspirations. Et que dire de ces travailleurs handicapés qui, en 2025, sont encore employés dans des établissements spécialisés ? Ils travaillent hors du code du travail, sans avoir longtemps eu droit à la grève ou à l’appartenance syndicale. Ces établissements produisent pour de grandes entreprises, mais leurs travailleurs ne sont ni récompensés, ni reconnus à leur juste valeur. Combien sont contraints d’accepter cette réalité, faute d’alternatives ? Est-ce qu’on réalise qu’en 2025, des enfants handicapés sont encore enfermés dans des établissements spécialisés parce qu’on ne leur propose aucune autre solution ? Plutôt que de les accompagner dans un environnement inclusif, on préfère les éloigner, les rendre invisibles, au lieu de leur offrir des conditions pour vivre dignement parmi nous.
J’ai milité pour qu’un ministre du handicap soit nommé, même si, au fond, je n’en voulais pas. Pourquoi ? Parce que notre société n’est pas prête à intégrer pleinement les personnes handicapées dans le droit commun. Pourtant, je rêve qu’un jour un ministre s’affirme et déclare qu’il fera tout pour que son poste disparaisse. Ce jour-là, ce sera parce que tous les ministères – éducation, travail, santé – auront pris leurs responsabilités. Ce sera un monde où l’on ne parlera plus d’inclusion, mais simplement de justice. Quand on met à l’écart des personnes handicapées, on perpétue une inégalité évitable. Personne ne devrait avoir à justifier son existence pour participer pleinement à la société. L’inclusion ne devrait même pas être un sujet. L’accessibilité, l’égalité des droits et les adaptations nécessaires ne sont pas des faveurs. Ce sont des bases indispensables pour une société équitable. Le simple fait qu’on parle encore d’inclusion montre combien il reste à faire. Le jour où ce mot disparaîtra, ce sera parce que chacun aura trouvé sa place, naturellement, sans conditions ni compromis.
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