Avant ou après les crises aiguës qui nécessitent une hospitalisation, les personnes atteintes de maladies psychiatriques sévères trouvent refuge chez leurs proches. Les parents se retrouvent ainsi tiraillés entre le besoin de protéger et la nécessité de fixer des limites à leurs enfants majeurs.
Il est un peu plus de 18 heures quand Michelle Escudié prend la parole. Autour d'elle, assis en cercle, une vingtaine de personnes de tous âges. L'ambiance est feutrée, des chuchotements ici ou là, quelques sourires. "Bonjour à tous et bienvenue dans ce groupe de paroles d'aidants", déclare d'une voix chaleureuse la coordinatrice de ce groupe de parole d'aidants psychiatriques.
Pendant cinq minutes, elle commencera par rassurer les nouveaux venus : s'ils le souhaitent, ils peuvent s'exprimer sans peur. L'anonymat dans ce groupe de parole mensuel d'aidants psychiatrique est non seulement demandé mais requis. Certains d'entre eux sont là de manière quasi clandestine. "Surtout, ne donnez pas de détails trop précis : mon fils risquerait de savoir que je suis venue, nous glisse après coup une participante. S'il le sait, tout pourrait s'effondrer."
"Tout", c'est cette relation de confiance si fragile tissée entre les parents et leurs enfants malades. D'abord parce que, dans les premiers temps, ils refusent d'admettre leur maladie. Et rejettent toute proposition d'aide. "Il devient très agressif dès que je lui parle du psychiatre ou de maladie", dit Vera, la quarantaine, la voix tremblante. Son fils, adulte, s'est mis à délirer depuis quelques mois, des hallucinations qu'elle reconnaît quand il en a, mais qu'il refuse d'assimiler à des symptômes pathologiques. Vera a encore une fille mineure. Pour sa sécurité et son bien-être, elle voudrait voir son fils suivi. "Mais je ne sais plus comment faire, j'ai tout essayé", souffle-t-elle.
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