Une étude révèle que les neurones des personnes atteintes de schizophrénie présentent des tailles et formes distinctes. Quels impacts sur les symptômes ?
Une étude récente a analysé des tissus cérébraux post-mortem de personnes atteintes de schizophrénie.
Les résultats montrent des neurones plus petits et une corrélation avec la sévérité des hallucinations.
Ces découvertes pourraient ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques.
Et si la différence entre un cerveau schizophrène et un cerveau dit « typique » se nichait dans les détails… minuscules ? Une étude japonaise, parue dans Psychiatry Research*, s’est penchée sur la micro-architecture des neurones de personnes vivant avec la schizophrénie. Grâce à une technologie d’imagerie 3D ultra-précise au synchrotron, les chercheurs ont scruté une zone clé du cerveau : le cortex cingulaire antérieur, impliqué dans la cognition, les émotions et la prise de décision.
Depuis longtemps, les IRM montrent une diminution de matière grise dans cette région chez certains patients schizophrènes. Mais que se passe-t-il, concrètement, au niveau des cellules nerveuses elles-mêmes ? Pour le découvrir, l’équipe de Ryuta Mizutani (Université Tokai, Japon) a étudié le soma (le corps cellulaire du neurone) à une échelle jamais atteinte auparavant. Objectif : mesurer sa taille et sa forme en 3D, micromètre par micromètre.
Des neurones vraiment différents
L’étude a porté sur des tissus cérébraux post mortem de 16 personnes (8 atteintes de schizophrénie et 8 témoins), pour un total de 263 neurones analysés. Résultat : les neurones du cortex cingulaire antérieur des patients schizophrènes étaient plus petits et plus fins. En moyenne :
La longueur du soma atteignait seulement 80 % de celle des témoins.
La largeur tournait autour de 90 %.
Les neurones pyramidaux, essentiels à la transmission d’informations, étaient les plus touchés, avec une longueur réduite à 79 % du groupe contrôle.
Les interneurones, eux, ne montraient pas de différence nette, mais leur faible nombre ne permet pas de conclure.
Taille du soma et sévérité des hallucinations
Les chercheurs ont également mis en évidence un lien entre la taille du soma et la gravité des symptômes : plus le corps cellulaire était court, plus les hallucinations étaient intenses. Même après avoir pris en compte les traitements médicamenteux, la corrélation persistait.
Autre découverte marquante : en combinant un soma raccourci et des neurites (prolongements neuronaux) plus tortueux, il devenait possible de distinguer clairement les cerveaux schizophrènes des cerveaux témoins. Ces altérations pourraient expliquer la perte de volume cérébral souvent observée en IRM : selon les calculs des auteurs, le volume neuronal total dans cette région serait réduit à 50–60 % de la normale.
Vers une signature biologique de la schizophrénie ?
Si l’échantillon reste modeste, ces résultats s’ajoutent à un faisceau de preuves que la schizophrénie n’est pas qu’un “trouble fonctionnel”, mais qu’elle s’accompagne bien de modifications physiques du cerveau, visibles à l’échelle cellulaire.
« Les neurones des personnes atteintes de schizophrénie sont distinctement différents », résume le professeur Mizutani.
« Si nous trouvons un moyen de restaurer ces changements, nous pourrions espérer guérir le trouble. »
L’équipe prévoit désormais d’étudier un plus grand nombre de cerveaux, à différents stades de la maladie, pour comprendre si ces altérations apparaissent tôt — ou si elles s’installent au fil du temps.
*Pyramidal soma size in the anterior cingulate cortex is small in schizophrenia and correlates with hallucination score - ScienceDirect
Les schizophrènes présentent une particularité biologique
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