Nouvelles fixes

Nous avons besoin de vous !

Vous pouvez nous aider en adhérant à l'association :

https://www.helloasso.com/associations/troubles-psychiques-tous-partenaires/adhesions/adhesion-2024

Même si vous ne souhaitez pas adhérer, vous pouvez faire un don :

https://www.helloasso.com/associations/troubles-psychiques-tous-partenaires/formulaires/2

Nouvelles


Si vous voulez ajouter un commentaire à un article du blog...

...cliquez sur "Aucun commentaire" en bas de l'article !

06 octobre 2023

[Article] : On devrait pouvoir faire mieux pour la prise en charge des troubles bipolaires

On estime à 40 millions environ, le nombre d’individus souffrant, à travers le monde, de troubles bipolaires. Ces derniers sont caractérisés par des variations majeures de l’humeur, passant de la manie, avec euphorie, mégalomanie, impulsivité et irritabilité, accroissement de l’énergie, accélération de la pensée, altération du jugement à des phases de dépression sévère.

Des troubles psychotiques sont souvent associés, voire un comportement autodestructeur. Selon le National Institutes of Health, 4,4 % des adultes US ont présenté ou présenteront un épisode bipolaire au cours de leur vie, le diagnostic restant souvent méconnu. A ce jour, des recherches en génétique et en neurobiologie permettent de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et d’améliorer le pronostic.

Un diagnostic difficile, sans imagerie

La notion de troubles bipolaires regroupe, en pratique, un large spectre de présentations cliniques, parfois délicates à identifier et de physiopathologie complexe. Certains patients sont cyclothymiques sans épisodes francs de manie ou de dépression ; leur humeur est instable et ils peuvent parfois présenter une symptomatologie à la fois dépressive et hypomaniaque.

La présence ou des antécédents de manie sont un élément clé pour différencier les troubles bipolaires de type 1 de ceux de type 2. En effet, les premiers doivent avoir comporté au moins un épisode maniaque durant une semaine minimum. Ceux de type 2 ont eu, au moins, un épisode d’hypomanie durant 4 jours, mais sans épisode maniaque avéré, troubles psychotiques, altération majeure ou nécessité d’hospitalisation et, contrairement aux troubles de type 1, le diagnostic d’une forme de type 2 nécessite la survenue d’au moins un épisode dépressif.

De ce fait, une pathologie bipolaire est souvent difficile à diagnostiquer et à traiter, d’autant que s’y associent fréquemment des troubles anxieux ou un état de dépendance. Chez les enfants et adolescents, les troubles bipolaires peuvent être confondus avec un syndrome d’hyperactivité et de déficit de l’attention, un traitement inapproprié stimulant pouvant alors conduire à un épisode maniaque. Dans les cas d’épisodes dépressifs récurrents, les patients ne répondent en règle pas aux seuls antidépresseurs, qui peuvent alors même aggraver la symptomatologie ; l’ajout d’un antipsychotique atypique peut s’avérer nécessaire.

Toujours le lithium

La FDA aux USA a approuvé l’utilisation de plusieurs médicaments dans la prise en charge des formes 1 et 2, sans pouvoir préciser celui qui est le plus efficace. Toutefois, à ce jour, le lithium reste, en règle, préféré, actif chez, environ, 30 % des patients. Il a pour désavantage d’avoir des effets iatrogènes et d’obliger à des dosages sanguins itératifs. Chez certains malades, la stigmatisation liée au diagnostic de désordre bipolaire peut mener à l’éviction des traitements. En pratique, devant l’incurabilité apparente de telles situations pathologiques, le but ultime du traitement reste, alors, de réduire, voire éliminer, les épisodes maniaques et dépressifs les plus notables.

Des plateformes pour la recherche

Comme dans d’autres maladies mentales, le diagnostic ne repose pas sur la pratique d’une imagerie cérébrale ou d’un test sanguin ou génétique, malgré l’existence de liens génomiques forts. Il reste fondé sur la pratique d’entretiens avec le patient et de la prise en compte de son histoire clinique et de sa symptomatologie. Toutefois a été crée un consortium scientifique nommé Thriving with Bipolar Disorder-BD2 qui vise à déterminer les bases génétiques et neurobiologiques des troubles bipolaires, dans le but d’améliorer à la fois leur diagnostic et leur thérapeutique.

Il utilise plusieurs plateformes biologiques avec analyse post mortem des cerveaux de patients décédés, étude de leurs caractéristiques protéomiques et génomiques, à l’instar de ce qui a déjà été réalisé dans d’autres maladies mentales telles la schizophrénie ou la dépression sévère. BD2 est un projet multidisciplinaire incluant généticiens, cliniciens, experts en imagerie cérébrale, biologistes moléculaires et neuroscientifiques.

Il regroupe un réseau d’hôpitaux et de centres médicaux visant à un suivi d’au moins 5 ans d’une cohorte d’environ 4 000 patients bipolaires de type 1, tout au long des différentes phases de leur affection. On peut espérer que BD2 permettra d’identifier des composants génétiques inconnus ce jour, même si les désordres bipolaires ne paraissent pas liés à un gène unique mais à plusieurs, chacun exerçant un effet plus ou moins important.

Parallèlement aux recherches sur l’aspect génétique des troubles bipolaires, des études sont à mener sur les traitements non pharmacologiques et psychosociaux, le rôle des exercices physiques, la quête du bien-être et le recours à la médiation, qui peuvent avoir un effet positif dans la prise en charge des désordres bipolaires. Enfin, on ne saurait insister sur l’importance du dépistage pour le patient et son entourage.

Dr Pierre Margent

RÉFÉRENCE

Suran M et coll. : Treating Bipolar Disorders Is Notorious Difficult but Research Underway Could Lead to New Options. JAMA. 2023 ; publication avancée en ligne le 13 juillet. doi: 10.1001/jama.2023.10057.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire