En avril dernier, deux équipes de chercheurs ont annoncé avoir fait une découverte étonnante. En Italie d'abord, l'équipe de Claudia Matteucci, de l'université Tor Vergata de Rome*, a analysé le sang de 30 patients atteints du Covid-19. Or certaines de leurs cellules du système immunitaire, les lymphocytes T, exprimaient une protéine très particulière, qui n'a pas été retrouvée dans le sang de 17 donneurs non atteints par la maladie. Surtout, plus le pourcentage de lymphocytes T exprimant cette protéine était élevé chez un patient, plus les symptômes respiratoires étaient graves.
Au Centre international de recherche en infectiologie de Lyon, l'équipe de Branka Horvat* a, suite à cette nouvelle, décidé de mettre en contact des cellules issues du sang de donneurs sains avec le virus SARS-CoV-2. Bingo : les lymphocytes de 20 % des donneurs se sont également mis à exprimer cette protéine. L'infection au Covid semble bien en activer la production. Étrange… Car cette protéine particulière n'est pas inconnue des neurologues et des psychiatres : on la retrouve dans le cerveau d'environ la moitié des personnes souffrant de schizophrénie ou de troubles bipolaires. Et on la détecte également chez des patients atteints de sclérose en plaques. Son nom ? Protéine d'enveloppe HERV-W.
Drôle de point commun ! Mais là où les choses sont plus surprenantes encore, c'est que cette protéine est codée par des gènes certes présents dans notre génome humain, mais ayant pour origine… un virus. D'où son nom, d'ailleurs, HERV signifiant Human Endogenous Retrovirus (= rétrovirus endogène humain), tandis que le W indique l'appartenance à une certaine famille - il en existe plusieurs - de rétrovirus.
*GeNeuro-HERV-and-Covid-ENG-April-15-2021.pdf
Source : Science&Vie N°1245 2021
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