Nouvelles fixes

Nous avons besoin de vous !

Vous pouvez nous aider en adhérant à l'association :

https://www.helloasso.com/associations/troubles-psychiques-tous-partenaires/adhesions/adhesion-2024

Même si vous ne souhaitez pas adhérer, vous pouvez faire un don :

https://www.helloasso.com/associations/troubles-psychiques-tous-partenaires/formulaires/2

Nouvelles


Si vous voulez ajouter un commentaire à un article du blog...

...cliquez sur "Aucun commentaire" en bas de l'article !

06 mars 2023

Transition vers la psychose : pourrait-on la prévenir par un repérage précoce ?

La plupart des troubles psychiatriques retrouvés chez l'adulte commencent pendant l'enfance et surtout l'adolescence. Pour la psychose, le pic des diagnostics se situe autour de 20 ans, mais beaucoup pourraient être suspectés bien avant. Car « les troubles psychiatriques ne demandent pas la carte d'identité du patient avant de débuter », a rappelé le Pr Vincent Laprévote (psychiatre, CHRU, Nancy) à l'occasion du congrès de l'Encéphale 2023.

Sa présentation a précisé les concepts d'état clinique à haut risque de psychose et d'intervention précoce pour éviter la transition psychotique. Reste à trouver les marqueurs cliniques qui permettraient d'identifier les adolescents pour lesquels il faudra redoubler de vigilance.

Un état clinique à haut risque de psychose

« La question de l'âge est primordial. Pour pouvoir être là dès le début des troubles et même avant, il y a tout intérêt à s'intéresser à cette clinique très précoce », a commencé l'orateur.

Le concept d'état clinique à haut risque de psychose se définit avec des critères UHR (Ultra Haut Risque de Psychose) et des critères de base. Les critères UHR rassemblent des symptômes psychotiques durables mais dont l'intensité et la fréquence n'atteignent pas les seuils requis pour remplir la définition d'un épisode psychotique.

Pour pouvoir être là dès le début des troubles et même avant, il y a tout intérêt à s'intéresser à cette clinique très précoce.

Les BLIPS (Brief Limited Intermittent Psychotic Symptoms), par exemple, sont de véritables petits épisodes psychotiques : le seuil est atteint en intensité mais leur durée est trop brève. « C'est vraiment très court, il y a quelque chose qui se passe et en même temps c'est insuffisant pour poser un diagnostic », a indiqué le Pr Laprévote. Il a précisé que les jeunes ont souvent conscience des symptômes et ont la capacité de s'y adapter.

Se produisant plus tôt, les symptômes de base sont des perturbations subjectives. Autrement dit, c'est le patient qui s'en plaint. Ces symptômes de base se distinguent des symptômes psychotiques classiques car il n'y a pas de perte franche de contact avec la réalité. Ils peuvent être très divers : modifications des processus de pensée (apparition d'interférences de pensée, blocage de pensée, difficulté à manier les raisonnements abstraits), troubles dans l'émission ou la perception du langage, perturbations sensorielles fines (par ex : une hypersensibilité à la lumière ou aux sons, le fait d'entendre des sons très forts).

S'il ne s'agit pas encore d'hallucinations, ces manifestations sensorielles peuvent constituer une première alerte surtout s'il y a une association de ces symptômes.

30% des états cliniques à haut risque font la transition

L'évolution des états cliniques à haut risque de psychose vers la psychose est documentée. Les psychiatres considèrent que 30 % des patients présentant un état clinique à haut risque de psychose vont faire une transition vers un trouble psychotique avéré dans les deux ans.

« Cela veut dire que 70 % ne vont pas faire la transition », commente le Dr Laprévote. Avant de nuancer cette information a priori plutôt positive. « Ceci dit, le taux de rétablissement est assez faible : beaucoup de patients développent par la suite un autre trouble psychiatrique de l'adulte (anxiété, dépression, trouble bipolaire). En outre, une proportion importante, qui reste avec des symptômes sous le seuil pendant longtemps, sont réellement en souffrance. »

Le concept d'état clinique à haut risque de psychose s'est accompagné de l'idée d'un accompagnement qui ressemble à celui recommandé pour les premiers épisodes psychotiques.

La méthode globale d'accompagnement est fondée sur le case management : un intervenant (infirmier, psychologue, ergothérapeute, travailleur social) très disponible avec une file active peu nombreuse accompagne intensivement le patient en ambulatoire.

Reste que si l'efficacité d'une intervention précoce est démontrée dans les premiers épisodes psychotiques, elle est encore discutée au stade d'état clinique à haut risque de psychose.

Certaines méta-analyses montrent une diminution significative de la transition vers la psychose. Et, les chiffres sont impressionnants : l'intervention permettrait d'empêcher une transition sur deux. Sauf qu'ils ont été contredits par d'autres méta-analyses.

Qui sont les patients qui font une transition vers la psychose ?

L'orateur a présenté l'intérêt des études de registres finlandaises qui fournissent des données sur un grand nombre de personnes sur un temps long. Ainsi, une étude récente qui a utilisé les données de santé de 55 875 personnes nées en 1987 a montré, résultat attendu, qu'1,8% de la cohorte avait développé un trouble psychotique ou bipolaire[1]. En cas d'antécédents de consultation en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, la fréquence de développement d'un trouble psychotique ou d'un trouble bipolaire montait à 12,8%. Le risque de développer un trouble psychotique ou bipolaire était 24% en cas d'hospitalisation en pédopsychiatrie dans l'enfance tout diagnostic confondu et de 36% si cet antécédent d'hospitalisation avait lieu pendant l'adolescence.

« Ces chiffres sont quand même très importants. Moi en tant que psychiatre d'adultes, ça m'amène à m'interroger. C'est une vraie question de recherche », a souligné Vincent Laprévote qui a poursuivi « Il est question d'identifier plus précisément les marqueurs cliniques qui, dans l'enfance, permettraient de déterminer à quels enfants il faut faire plus attention ».

La tentative de suicide fait probablement partie de ces marqueurs. Une autre étude sur les données des registres finlandais a montré que la fréquence des troubles psychotiques ou bipolaires était de 3,7 % dans l'ensemble de la population étudiée, de 17,6 % en cas de tentative de suicide, et de 29 % si cette tentative avait eu lieu avant 18 ans [2].

Il est question d'identifier plus précisément les marqueurs cliniques qui, dans l'enfance, permettraient de déterminer à quels enfants il faut faire plus attention.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire