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29 février 2024

"Macron est atteint de schizophrénie"… Et si on arrêtait d’utiliser des noms de maladies mentales comme des insultes ?

"Je pense que Monsieur Macron est atteint d’une schizophrénie inquiétante et dangereuse". La phrase signée Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a été prononcée dimanche lors d’un déplacement au Salon de l’agriculture. Il répondait au président de la République qui estimait que l’agriculture française "méritait mieux" que le "projet de décroissance et de bêtise" du RN.

Une utilisation du terme "schizophrénie" qui a fait bondir plusieurs psychiatres. "Vu de l’extérieur, ça peut ressembler à une guéguerre sémantique mais ce n’est pas le cas, prévient d’emblée Nicolas Rainteau, psychiatre au CHU de Montpellier. J’accompagne les patients dans des projets de vie et ce qui bloque au quotidien, ce n’est pas la maladie mais la stigmatisation".

[On irait jamais dire "le président est cancéreux"]

Si la schizophrénie n’est pas la seule concernée par ce mésusage (la bipolarité et l’autisme ne sont pas en reste), elle l’est toutefois tout particulièrement. Rien que ces derniers mois, Gérald Darmanin, Alain Juppé et Éric Zemmour ont eux aussi utilisé cette maladie mentale pour dénigrer des opposants politiques.

Hugo Baup, psychiatre hospitalier, épingle chaque mauvais usage sur son compte X et les tweets commencent à s’empiler. "Je ne fais que ça depuis six mois. On dirait que c’est une espèce de rite initiatique, que tant qu’on n’a pas utilisé n’importe comment le terme de schizophrénie à la télévision, on n’est pas un vrai politicien", se désole le médecin qui se dit "en colère". "On irait jamais dire "le président est cancéreux ou sidéen", mais avec la santé mentale, on se permet tout".

Mais pourquoi les hommes politiques aiment-ils tant faire un parallèle avec cette pathologie ? "C’est une manière de neutraliser un adversaire politique, de lui enlever toute raison, toute stature politique, analyse Hugo Baup. Un fou aux manettes, ce n’est pas très rassurant". Car le terme est toujours utilisé de manière négative. Par les personnalités politiques, mais pas seulement. "Des journalistes utilisent aussi le terme schizophrénie en dehors de sa définition de manière outrancière car ça fait peur, ça attire et ça fait vendre", regrette le médecin.

La stigmatisation, une deuxième maladie

En utilisant ce terme, Jordan Bardella renvoie Emmanuel Macron à une sorte de double personnalité. Pourtant, la schizophrénie n’a rien à voir avec une quelconque dualité. Pour rappel, il s’agit d’une maladie psychiatrique complexe touchant 600.000 personnes en France et qui se traduit notamment par une perception perturbée de la réalité, des idées délirantes mais aussi un isolement social et une démotivation. "La langue française est suffisamment riche et belle pour trouver d’autres synonymes", considère Hugo Baup qui s’est donné pour mission de vulgariser la santé mentale sur son compte X.

Outre le stéréotype de la double personnalité, la stigmatisation porte aussi sur la dangerosité des malades. "La schizophrénie n’est pas du tout un facteur de dangerosité, assure le psychiatre. Mais le malade a 7 à 17 fois plus de risques que la population générale d’être violent envers lui-même". Selon le médecin, cette stigmatisation entraîne une mise à distance des patients dont les autres « ne veulent pas ». "La stigmatisation, c’est quasiment une deuxième maladie, estime Nicolas Rainteau. On n’imagine pas cet impact tant qu’on ne le vit pas au quotidien".

Changer le nom de la maladie, une solution ?

« Utiliser à mauvais escient un mot en le stéréotypant donne à la population une idée fausse de ce qu’est cette maladie et le problème, c’est que cette mauvaise définition fait foi, insiste Nicolas Rainteau, psychiatre au CHU de Montpellier. Quand on pose un diagnostic de schizophrénie, la personne nous dit : "Non, moi je n’ai pas de double personnalité et je ne suis pas dangereux". »

Selon lui, des sorties telles que celle de Jordan Bardella, vues par des millions de Français, nuisent au travail de fond et de fourmis réalisé par des associations, des malades, leurs proches mais aussi les soignants. « Moi, quand je parle de cette pathologie, ce n’est pas au Salon de l’agriculture et on ne me tend pas 15.000 micros », regrette le praticien hospitalier.

« Les personnes souffrant de schizophrénie ont déjà tellement la sensation d’être un fardeau pour la société et sont parfois au bord du suicide, si en plus, elles voient dans les médias que le nom de leur maladie apparaît dans un climat tendu et haineux… C’est tout ce qu’il ne faut pas faire », insiste Hugo Baup. Pour en finir avec ce mésusage, un collectif de médecins et de patients français propose de changer le nom de cette maladie. Chose faite pour le Japon depuis 2002. La pathologie s’appelle désormais « trouble de l’intégration ».

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