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25 mai 2025

"On en fait tous les jours"… Oui, on fait encore des électrochocs en France, et c’est efficace

Les séances d’électrochocs, appelés électroconvulsivothérapie, sont couramment prescrites en France en cas de dépression sévère et résistante aux traitements médicamenteux

L'essentiel

L’électroconvulsivothérapie (ECT), anciennement appelée électrochocs, est encore pratiquée quotidiennement en France.
Ce traitement vise à soigner des personnes souffrant de dépressions sévères et résistantes aux traitements médicamenteux.
Contrairement aux idées reçues (et à ce qui était pratiqué à l’époque), l’ECT est réalisée sous anesthésie générale au bloc opératoire. Elle est donc « tout sauf spectaculaire », assure le psychiatre David Masson.

Quand on vous dit « électrochocs », vous visualisez sûrement un homme aux cheveux hirsutes et au pyjama délavé en train de convulser, tenu par quatre colosses. Une image probablement issue de films comme Vol au-dessus d’un nid de coucou. Et vous pensez aussi que cette pratique est révolue ? Eh bien détrompez-vous.

Les électrochocs, appelés aujourd’hui électroconvulsivothérapie (ECT) ou sismothérapie, sont pratiqués quotidiennement en France. Près de 115 centres*, dont 20 hospitalo-universitaires, ont recours aux ECT, notamment pour soigner des dépressions résistantes. « On en fait tous les jours dans l’hôpital où je travaille, atteste le psychiatre hospitalier Hugo Baup. Mais on a changé l’appellation car cela faisait peur. »

Une série d’impulsions électriques

Le principe des électrochocs reste inchangé : une impulsion électrique brève est délivrée entre deux électrodes positionnées à la surface du cuir chevelu. « Cela entraîne une petite crise d’épilepsie de quelques secondes qui va donner lieu à des cascades de neurotransmetteurs dans le cerveau et activer la neuroplasticité », explique le docteur Baup, auteur de Comment ça va, toi ? Le guide pratique de la santé mentale (Larousse).

En très résumé : cela va réveiller certaines zones du cerveau qui ne sont plus assez stimulées du fait de la dépression, comme la motivation, l’envie de vivre, le sommeil ou l’alimentation. Le médecin va en quelque sorte « réanimer le cerveau », d’après le docteur Baup, qui aime comparer la sismothérapie à un défibrillateur.

« C’est tout sauf spectaculaire »

Deux choses diffèrent toutefois par rapport aux électrochocs d’antan : le consentement libre et éclairé du malade est requis, et le traitement est réalisé sous anesthésie générale. Une différence notable car une fois endormie, la personne soignée n’aura pas de crise convulsive avec des mouvements incontrôlés.

« L’intervention est très encadrée d’un point de vue médical, insiste le psychiatre David Masson. Elle a lieu au bloc opératoire, le patient est anesthésié, on lui donne l’impulsion électrique puis on l’emmène en salle de réveil. C’est très court et tout sauf spectaculaire. »

Dépression grave et résistante

La sismothérapie est majoritairement prescrite pour soigner des dépressions sévères et résistantes. En raison du risque associé à l’anesthésie générale, il s’agit d’un traitement de seconde intention, après l’échec d’au moins deux antidépresseurs. Le nombre de séances varie selon chaque patient et se situe en moyenne entre 10 et 20, à raison de deux à trois par semaine. « Les études montrent une efficacité de 60 à 80 %, alors qu’on est à moins de 50 % pour les antidépresseurs », souligne le docteur Masson. « C’est le traitement le plus efficace dans la dépression résistante », assure le docteur Baup.

Si ces séances suffisent parfois à obtenir une rémission totale, elles doivent, pour d’autres personnes, être renouvelées en cas de retour des symptômes. Certaines vont même bénéficier d’une séance mensuelle pendant plusieurs mois ou années. « Ces électrochocs d’entretien permettent d’éviter le risque de rechute », précise le psychiatre Hugo Baup. Mais la dépression n’est pas la seule maladie concernée. L’ECT peut aussi être prescrite dans certaines formes de schizophrénies avec des hallucinations résistantes au traitement, ou en cas d’état maniaque très agité résistant dans le cadre d’un trouble bipolaire.

Des pertes de mémoire souvent temporaires

Si le traitement peut donner lieu à une confusion et une désorientation au réveil, des courbatures et des maux de tête peuvent également être ressentis. Mais le principal effet secondaire est plus handicapant. Il s’agit de troubles de la mémoire. « Les patients peuvent oublier des informations récentes ou les moments d’ECT », souligne le docteur Masson. La plupart du temps, ces troubles de la mémoire disparaissent après la dernière séance.

Comme pour toute anesthésie générale, il existe un risque mortel, mais rarissime. « C’est moins mortel qu’un accouchement », illustre le psychiatre Hugo Baup.

Des réticences de patients

En raison de la connotation négative des électrochocs, de nombreuses personnes se montrent réticentes à y consentir. « Certains voient ça comme de la torture ou quelque chose d’extrêmement barbare », témoigne le docteur Baup. Aux psychiatres de les convaincre de l’intérêt de ce traitement. « On leur explique en quoi ça consiste vraiment et on répond à leurs questions sur le fonctionnement, qui sont totalement légitimes », explique David Masson.

Le médecin a été marqué par l’un de ses premiers patients, souffrant d’une dépression extrêmement sévère, et que l’ECT « a totalement transformé ». « Personnellement, si un jour je me trouve dans un tel état, j’y aurais recours », assure le psychiatre. Mais encore faut-il y avoir accès. A Nancy, où le docteur Masson travaille, aucune sismothérapie n’est pratiquée. Il faut se rendre à Strasbourg, à 160 km de là, pour y avoir recours.

« On en fait tous les jours »… Oui, on fait encore des électrochocs en France, et c’est efficace

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