Le procès s'est tenu en l'absence du prévenu, hospitalisé en soins psychiatriques depuis la fin février.
Tout ça pour ça... L'homme de 25 ans (24 au moment des faits) qui avait causé l'immobilisation du TGV Colmar-Paris pendant deux heures, le 3 février dernier en gare de Lorraine TGV, a été relaxé ce vendredi par le tribunal correctionnel de Metz. Il a tout de même été condamné à 150 euros d'amende pour usage de stupéfiants : il avait consommé de la cocaïne au moment des faits. Mais il s'agit surtout d'un homme souffrant de schizophrénie depuis son enfance, et avait interrompu son traitement, ce qui lui a valu un comportement bizarre ce matin-là. La justice a reconnu qu'à aucun moment, il ne s'était montré menaçant.
Fait rare, ministère public et défense sont parvenus aux mêmes conclusions. Dans son réquisitoire, la procureure rappelle le contexte post-attentats, des passagers du train extrêmement vigilants face au comportement de cet individu, qui importune de nombreux voyageurs. Il leur demande s'ils croient en Dieu, se montre choqué s'ils répondent par la négative. Il parle d'enfer et de paradis, avant de déclarer : "Je vais exploser aujourd'hui". Mais en soi, ces paroles ne sont pas des menaces : l'homme se prend ensuite la tête dans les mains. Il s'agit d'un homme malade, qui avait interrompu son traitement, sous curatelle renforcée : la procureure réclame la relaxe.
Me Elliot Hellenbrand, l'avocat du jeune homme, décrit un emballement qui aurait pu coûter cher à son client : "Ce qui a déclenché cette tempête médiatique, c'est le tweet du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui se réjouit d'avoir déjoué un attentat. Le policier en civil qui a permis d'interpeller mon client était invité du JT de 20h le soir-même, pour se comparer à l'attaque déjouée du Thalys. Dois-je rappeler l'arsenal présent dans cette affaire ? Une kalachnikov, 500 munitions... Chez mon client, rien ! L'enquête montrera qu'il n'a aucun signe de radicalisation". L'avocat martèle que le jeune homme, schizophrène en rupture de traitement, n'a jamais menacé de faire exploser le train ou de se faire exploser lui-même. Il est interné en hôpital psy depuis, pour la énième fois de sa vie, d'où son absence à la barre.
Le tribunal relaxe donc le jeune homme : certes, les passagers ont cru bien faire, et la réponse de la SNCF a été adaptée. Mais il n'y a pas eu menace, simplement une mauvaise interprétation de ses propos.
Julie Seniura, vendredi 14 avril 2023
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