Quels mécanismes et facteurs de risque ?
Différentes études ont mis en évidence une susceptibilité génétique partagée entre les deux maladies, avec notamment des gènes codant pour des récepteurs nicotiniques et glutamatergiques. Sur le plan périnatal, un petit poids de naissance, une prématurité, les complications obstétricales ou les toxiques pris durant la grossesse favoriseraient les deux troubles. Enfin, la présence d’auto-anticorps glutamate décarboxylase (participant à la synthèse de GABA) et la dysbiose intestinale pourraient aussi jouer un rôle. Selon certains auteurs, l’ensemble favorise l’idée d’un continuum neurodéveloppemental entre les deux atteintes.
Le TDAH et les troubles schizophréniques reposeraient notamment sur des perturbations des voies dopaminergiques méso-corticales et méso-limbiques, qui sont étroitement liées. La première joue un rôle sur la cognition et les fonctions exécutives. La seconde est médiée par la dopamine et donc associée aux mécanismes de récompense et de motivation. Ce système fonctionnerait en alternant activité basale et activité tonique et les deux pathologies seraient associées à une activité tonique insuffisante corrélée à une plus forte activité phasique.
Rôle des psychostimulants et des comorbidités
Le méthylphénidate, qui est prescrit dans le TDAH, peut induire des psychoses et des manies chez les enfants TDAH. Le même traitement pourrait aggraver les symptômes psychotiques des patients schizophrènes selon une autre étude. Ces phénomènes reposeraient sur l’augmentation des concentrations en dopamine. Pour l’heure, les praticiens manquent de données pour préconiser une attitude spécifique lorsque les effets indésirables sous méthylphénidate apparaissent. Néanmoins, il est recommandé d’arrêter le traitement en cas de troubles psychotiques apparaissant chez les enfants TDAH. La décision de reprendre le traitement après résolution de l’épisode doit être décidée au cas par cas.
Les troubles d’usage de substances sont favorisés chez les sujets TDAH et constituent un facteur de risque de schizophrénie. Aussi, il est possible que la relation entre les deux pathologies passe par le biais d’une telle consommation.
Certaines études suggèrent que le TDAH apparaît comme un facteur de risque de troubles psychotiques, mais les données sont inconstantes. Certains auteurs soulignent la proximité de la symptomatologie entre TDAH et psychose atténuée, et donc la difficulté diagnostique qui peut en découler. Aussi, un TDAH tardif pourrait être confondu avec un trouble psychotique naissant. Le diagnostic différentiel peut donc nécessiter un avis pluridisciplinaire. Par ailleurs, de plus amples études seraient utiles pour définir des profils d’enfants TDAH à risque d’évolution vers la pathologie psychotique.
*Gering A, Fourneret P, Poulet E, Geoffray MM, Jurek L. [ADHD during childhood and subsequent psychotic disorder: A link?]. Encephale. 2021 May 13 [Epub ahead of print]. doi: 10.1016/j.encep.2021.01.008. PMID: 33994156
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