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24 juin 2024

Les psychédéliques favorisent-ils la schizophrénie ou la bipolarité ?

Depuis quelques années, la communauté scientifique assiste à la réémergence des études cliniques évaluant l’intérêt des psychothérapies assistées par les psychédéliques (LSD, psilocybine, mescaline, ayahuasca). Les patients ayant des antécédents familiaux ou personnels de schizophrénie et de troubles bipolaires sont exclus, ce qui rend incomplète l’évaluation des risques psychiatriques liés à ces molécules.

Des études naturalistiques ont toutefois été menées pour apprécier les associations entre prise récréative autodéclarée et survenue de symptômes psychotiques ou maniaques. Le Dr Otto Simonsson (Stockholm, Suède) en a présenté les conclusions au cours du 18e congrès international d'addictologie de l'Albatros (4-6 juin 2024, Paris): l’une des plus larges qui a été conduite jusqu’à présent, publiée en 2013, rassemblait les données de plus de 130 000 adultes américains.

Ces derniers avaient été invités à déclarer à la fois s’ils avaient déjà expérimenté des substances psychédéliques au cours de l’année écoulée et le fait d’avoir présenté des troubles psychiatriques. Après ajustement multivarié (dont la consommation d’autres substances illicites), cette étude a montré qu’il n’existait pas d'association significative entre la consommation de psychédéliques et la survenue de symptômes psychotiques ou maniaques. « Cependant, les risques d’interactions entre les deux paramètres sont importants », a reconnu le chercheur.

L’ étude suédoise CATSS, qu’il a conduit récemment, palliait cette limitation en utilisant les scores de risque polygénique liés à la schizophrénie et ceux liés à la bipolarité. Elle a été conduite chez plus de 16 000 jumeaux adolescents qui avaient déclaré les antécédents d’expérimentation de psychédéliques et la survenue de signes psychotiques ou maniaques : les paires de jumeaux permettaient de discriminer les effets liés à l’exposition aux psychédéliques et ceux liés au risque familial (génétique ou environnemental).

Ainsi, dans cette étude, « l'usage de psychédéliques semblait associé à des taux plus faibles de symptômes psychotiques en l’absence de risque génétique, a résumé Otto Simonsson. En revanche, il existait une association entre l'usage de psychédéliques et les symptômes maniaques en cas de vulnérabilité génétique ». L’interprétation de ces résultats doit être précautionneuse : des études plus larges, cette fois prospectives et longitudinales, sont actuellement conduites sur le sujet et permettront d’en confirmer les conclusions.

Données prometteuses pour contrer l’addiction aux opioïdes

La connaissance complète de la balance bénéfice-risque des psychédéliques sera précieuse dans le développement toujours croissant des psychothérapies assistées par les psychédéliques. Le Pr Peter Hendricks (Birmingham, États-Unis) a rapporté pour sa part, l’expérience de son centre dans le cadre d’une étude “psilocybine versus placebo” chez un petit groupe de personnes (la plupart étant extrêmement défavorisés sur le plan socio-économique) qui avaient un trouble de l’usage de la cocaïne. Après une prise unique et un protocole de sessions de psychothérapie, le nombre de jours d’abstinence, la sévérité de la dépendance et la satisfaction, évalués à 180 jours, était significativement supérieur dans le groupe psilocybine, sachant que beaucoup de ceux appartenant au groupe placebo avaient quitté l’étude, probablement pour inefficacité.

Ces résultats sont très encourageants étant donné la crise des opioïdes qui frappe les États-Unis et le profil socio-économique de la population concernée. Mais la représentativité de la population incluse dans cet essai rend pour l’heure délicate la transposition de ses conclusions au reste de la population cible. Enfin, il a reconnu que « les études montrent parfois une très grande hétérogénéité dans les effets ressentis et les effets indésirables au cours de la prise. Cela suggère que la psychothérapie assistée par les psychédéliques peut ne pas être efficace chez toutes les personnes potentiellement éligibles ».

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