Ce désamour croissant pour la spécialité, depuis une dizaine d’années, laisse de plus en plus de postes vacants. « Alors que nous avions autour de 1 à 4 % de postes d’internes non pourvus en psychiatrie, depuis deux ans, nous notons une forte augmentation : 17,5 % en 2019, 11 % l’année dernière », regrette Marine Gilsanz, présidente de l’Association française fédérative des étudiants en psychiatrie (AFFEP).
Pour comprendre ce manque d’attractivité, l’AFFEP, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) et l’Association des jeunes psychiatres et jeunes addictologues (AJPJA) s’associent pour réaliser une enquête nationale transgénérationnelle* : #ChoisirPsychiatrie. Première du genre, cette étude vise à explorer les déterminants de l’attractivité en psychiatrie – en interrogeant à la fois les étudiants en médecine de 1er et 2e cycle, mais aussi les internes en psychiatrie et les psychiatres en exercice.
Parmi les raisons du manque d'attractivité, « les stéréotypes liés au milieu psychiatrique, à la santé mentale et la perception que les étudiants ont de cette spécialité », propose Marine Gilsanz. De fait, la stigmatisation des troubles psychiques tend à déteindre sur la discipline et serait une cause du déclin de recrutement.
Des idées reçues largement véhiculées par le corps médical et étudiant. 56 % des internes (toutes spécialités confondues) pensent qu’un interne en psychiatrie a probablement, lui-même, des antécédents psychiatriques ou qu’il est « bizarre » selon une étude menée par l’AFFEP en 2015, auprès de 1 300 internes en psychiatrie, médecine générale, neurologie, anesthésie-réanimation, pédiatrie et chirurgie orthopédique.
Un tiers d’entre eux estiment que les internes en psychiatrie sont des « tire-au-flanc », 30 % que l’interne a raté ses ECN, et devrait « mal finir » car la psychiatrie est « contagieuse ». Une vision stéréotypée qui touche davantage les internes en orthopédie qu’en neurologie. « Les internes en chirurgie orthopédique sont les plus nombreux à dire qu’ils auraient "préféré arrêter médecine plutôt que d’exercer en tant que psychiatre" (...) », selon l'étude. « Il y a certaines idées reçues disant que l’on travaille peut-être moins, que nous avons moins de mérite académique, ou que le psychiatre n’est plus vraiment un médecin, commente Marine Gilsanz. Nous allons chercher à comprendre comment cela joue sur le choix des internes. »...
Le Quotidien du Médecin du Lundi 10 mai 2021
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