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11 janvier 2022

[Témoignage] : "Se rétablir, c’est s’éloigner du gouffre"

Psychologue clinicien, Antony Robin exerce comme coordonnateur de parcours en rétablissement. Après des études de droit, des rencontres déterminantes avec la psychanalyse puis la psychiatrie ont modifié sa trajectoire professionnelle...

Antony n’a qu’un souhait : « être au coeur de la psychiatrie ». Pendant une quinzaine d’années, en structures intra ou extra-hospitalières à Paris, il côtoie au plus près la maladie mentale et la complexité des parcours de soin qui manquent souvent cruellement de fluidité et d’ouverture au monde. « Avec ces personnes en souffrance, déconnectées de leur parcours de vie, de ce qui comptait pour elles, on est souvent face à un défi thérapeutique. Elles donnent souvent l’impression de vivre dans un présent sans passé, ni futur, sans avenir. Il y a une impérieuse nécessité à les aider à déconstruire ces schémas et ouvrir, avec elles, le champ des possibles. Passer de “je suis schizophrène” à “je souffre d’un trouble psychique mais je voudrais apprendre à le contrôler” permet de passer du désespoir à l’espoir. À partir de là, oui, on peut aider une personne à se rétablir pour peu qu’on l’accompagne dans un parcours qui va lui permettre de regagner en confiance, de sortir de la stigmatisation et de retrouver une vie qui a du sens. Quel beau défi partagé ! »

Depuis 2017, c’est dans le Périgord qu’Antony relève ce défi. « Face à un système de soin trop inerte, soit on se résigne et on déprime, soit on résiste et on crée. Les concepts d’éducation thérapeutique, de rétablissement, de pair-aidance m’étaient familiers et je m’y étais formé. Ce travail autour de l’entraide, il fallait lui donner une nouvelle forme concrète, innover. Grâce au soutien du médecin-cheffe du Pôle Bergerac et de l’équipe de direction de l’hôpital Vauclaire (1), le Club action avenir (C2A) (2) voit le jour en janvier 2018. J’en assure aujourd’hui la coordination et j’accompagne au quotidien les usagers dans une nouvelle fonction : celle de psychologue coordonnateur de parcours en rétablissement. » Ce centre innovant de formation et d’accompagnement au rétablissement est ouvert à tous les usagers suivis en psychiatrie et aux familles. Le postulat est clair : la personne est l’expert de sa propre vie et le soignant/éducateur se met au service de son projet de vie pour l’aider à le faire évoluer dans un sens qui lui convient. « Le savoir est du côté de la personne, poursuit Antony. Elle seule peut dire ce dont elle a envie, ce qu’elle veut vivre, comment elle veut le vivre, quels sont ses rêves et, en bout de course, quel équilibre elle souhaite rétablir dans son parcours de vie. (Re)devenir un citoyen à part entière, tel serait l’objectif du rétablissement et libre à chacun de définir la forme que prendra cette citoyenneté retrouvée. Pour cela, accompagnée par une équipe contenante avec qui elle fait alliance, étayée par la présence d’un pair-aidant (3), d’un “frère d’armes”, la personne apprend à utiliser au mieux ses forces, à travailler ses vulnérabilités, et à retrouver progressivement confiance en soi et estime de soi, deux moteurs indispensables au rétablissement. »

Pour Antony, cette construction « pas à pas » d’un après où la personne « reprend la main » s’inscrit dans un mouvement dont il veut continuer à creuser le sillon. « Les initiatives en la matière se multiplient et je ne peux que m’en réjouir mais il reste tant à faire. La psychiatrie a besoin de souffle et ses usagers plus encore. Aujourd’hui, une nouvelle vision du soin s’impose aux soignants, car il ne s’agit plus “de prendre en charge” la personne mais de l’aider à restaurer son autonomie et son pouvoir d’agir en l’accueillant de façon fraternelle.» La fraternité, une valeur chère à Antony qui confie être passé lui aussi « tout près du gouffre ».
 
«La conscience de mes propres vulnérabilités fonde peut-être mon besoin d’aider les autres en étant là pour eux et avec eux dans leur démarche de rétablissement. »

Bernadette Gonguet, journaliste

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